Réfutation à celui qui nie le caractère obligatoire de la hijrah

بسم الله الرحمن الرحيم

Al hamdulillâhi rabbi-l-‘âlamîn, et que les Prières et la Paix soient sur notre Prophète Muhammad, et sur sa famille et tous ses compagnons.

De la part de Muhammad ibn ‘abdel-Latîf, à ‘Abd-Allâh ibn ‘Alî az-Zuhayfî : que la Paix soit sur les pieux serviteurs d’Allâh.

Ensuite…

Il nous est parvenu de toi une énorme ambiguïté (choubhah), et une grossière erreur, qui ne pourrait presque pas émaner de quelqu’un qui prétend être du nombre des muslimîn[i], et ceci, c’est que tu prétends que la hijrah n’est pas obligatoire, mais qu’elle n’est que préférable (mustahabbah), ou qu’elle est abrogée, te basant pour cela sur la parole (du Prophète) (صلى الله عليه وسلم) : « Pas de hijrah après al-fath (la conquête de Mekkah), mais le combat (jihâd) et l’intention (niyyah) ».

 

Mais au contraire, l’affaire n’est pas comme tu l’as prétendue, ni vers ce pourquoi tu as penché et désiré, mais tu n’as plutôt pas compris le sens voulu du hadîth, ni son but ; mais c’est plutôt à cause de la passion et la transgression qui ont pris le dessus sur ton cœur, et qu’il a été recouvert du fait que tu ne distingues pas le mauvais et l’infâme, et que tu estimes la vie d’ici-bas (hayât ad-dunyâ) et que tu l’as préfères à celle de l’au-delà (al-âkhirah), nous demandons protections auprès d’Allah contre l’inaptitude après la compétence, et contre l’égarement après la guidée.

Certes, le sens du hadîth est que Mekkah lorsqu’elle devint pays d’Islâm, forteresse de la foi (al-îmân), la hijrah de cette ville ne fut donc plus obligatoire ; quant aux autres pays (et contrées) que Mekkah, s’ils sont des pays de mécréance (kufr) et des endroits de polythéisme (chirk), la hijrah de ces pays est donc obligatoire et particulière, pour toute personne qui en a la capacité, ceci (prouvé) par le Livre et la Sunnah, et le consensus (al-ijmâ‘) des gens du monothéisme pur, Allah ta‘âlâ dit :

{إِنَّ الَّذِينَ تَوَفَّاهُمُ الْمَلائِكَةُ ظَالِمِي أَنْفُسِهِمْ قَالُوا فِيمَ كُنْتُمْ قَالُوا كُنَّا مُسْتَضْعَفِينَ فِي الْأَرْضِ} 

[Ceux qui auront fait du tort à eux-mêmes, les Anges enlèveront leurs âmes en disant : « Où en étiez vous ? »(à propos de votre religion) Ils diront : « Nous étions impuissants sur terre »]s4v97

Ibn Kathîr a dit au sujet de l’exégèse du verset : « Ce verset démontre le caractère obligatoire de la hijrah, de façon générale pour toute personne résidante entre les polythéistes, alors qu’il est capable de faire la hijrah, et qui n’a pas la capacité de mettre en pratique son dîn (comme il le convient) ; il est donc injuste (dhâlim) envers lui-même, auteur d’un acte illicite selon le consensus (des savants), comme le mentionne ce verset, du fait qu’Allah ta‘âlâ dit :

{إِنَّ الَّذِينَ تَوَفَّاهُمُ الْمَلائِكَةُ ظَالِمِي أَنْفُسِهِمْ} 

[Ceux qui auront fait du tort à eux-mêmes, les Anges enlèveront leurs âmes…]

C’est-à-dire : en délaissant la hijrah,

{قَالُوا فِيمَ كُنْتُمْ} 

[en disant : « Où en étiez vous ? »(à propos de votre religion)]

C’est-à-dire : « Pourquoi êtes-vous resté ici et avez-vous délaissé la hijrah ? » Et ils (les anges) n’ont pas dit : « Avez-vous dit que cette religion était vraie ?[ii] »

{قَالُوا كُنَّا مُسْتَضْعَفِينَ فِي الْأَرْضِ} 

[Ils diront : « Nous étions impuissants sur terre »]

C’est-à-dire : « Nous ne pouvions pas sortir ni nous déplacer sur terre.[iii] »

{قَالُوا أَلَمْ تَكُنْ أَرْضُ اللَّهِ وَاسِعَةً فَتُهَاجِرُوا فِيهَا} إلى قوله {غَفُوراً رَحِيماً} 

[Ils (les anges) diront : « La terre d’Allah n’était-elle pas assez vaste pour vous permettre d’émigrer (de faire la hijrah) ? »]s4v97 jusqu’à Sa Parole [Et Allah est Pardonneur et Miséricordieux.]s4v100. »

Al-Baydâwî dit : « Ce verset démontre le caractère obligatoire de la hijrah, comme dans le hadîth : « Celui qui se sauve dans terre vers une autre avec son dîn, le Paradis lui est donc obligatoire, et il sera le compagnon de son père Ibrahîm, et de son Prophète Muhammad (صلى الله عليه وسلم) »[iv] »

Et Ibn Hajar dit dans « fath al-Bârî » : « Al-Bukhârî a dit : chapitre « pas de hijrah après al-fath », c’est à dire : la conquête de Mekkah, ou ce qui est voulu est peu être un sens plus général que celui-ci, montrant ainsi que le jugement pour toute autre ville que Mekkah en ce qui concerne ceci (la hijrah) est le même que pour elle, la hijrah ne serait alors donc plus obligatoire des pays que les muslimûn ont conquis.

Quant à ce qui concerne avant la conquête d’un pays, celui qui y réside ne sort pas de l’un de ces trois cas :

Regarde donc sa parole (deuxième cas) : « mais il peut exposer son dîn », certes, si ça se passe pour lui comme ceci, la hijrah n’est dans son cas pas obligatoire, mais (tout de même) préférable, pour ce qu’il a (précédemment) énoncé, qu’Allah lui fasse miséricorde ; cependant ce deuxième cas est très rare, w-Allâhu-l-Musta‘ân ![…]

Ainsi, tu prétends également que tu exposes ton dîn et que tu insultes les muchrikîn, ceci est une énorme calamité et un grand malheur avec lesquels le Chaytân a rusé beaucoup de gens comme toi ou te ressemblant ; vous vous êtes donc trompés quant au véritable sens d’exposer son dîn, et vous avec cru que c’est le simple fait de prier les cinq prières, de faire l’adhân[v], le jeûne et autres choses (de ce genre), et que lorsque vous vous asseyez rien qu’entre vous, vous dites : « Ceux-ci sont des mécréants (kuffârs)…, ceux-ci sont des polythéistes (muchrikûn)…, ils n’ont rien de bien dans leur dîn…, ils savent que nous les haïssons…, nous sommes sur al-wahhâbiyyah[vi]… », et en pensant que c’est ça exposer son dîn, vous avez alors en cela rendu caduque le caractère obligatoire de la hijrah.

Mais la chose n’est pas comme vous l’avez prétendue, certes Allah (subhânah) a en effet mentionné dans Son Livre le sens voulu quant au fait d’exposer son dîn, est que ce n’est pas comme vous vous êtes figurés, Il (Allah) a ainsi dit à Son Prophète (صلى الله عليه وسلم) :

{قُلْ يَا أَيُّهَا الْكَافِرُونَ لا أَعْبُدُ مَا تَعْبُدُونَ} 

[Dis : « Ô vous les mécréants, je n’adore pas ce que vous adorez]s9v1-2

Jusqu’à a fin de la sourate ; Il lui a donc ordonné de leur dire : « Certes vous êtes des mécréants. », et qu’il se désavoue certainement des choses qu’ils adorent, et qu’ils se désavouent, eux, de l’adoration d’Allah, et c’est Sa Parole :

{وَلا أَنْتُمْ عَابِدُونَ مَا أَعْبُدُ} 

[et vous n’adorez pas ce que j’adore]s9v3

Et Sa Parole :

{لَكُمْ دِينُكُمْ وَلِيَ دِينِ} 

[à vous votre dîn, et à moi mon dîn]s9v6

…en tant que déclaration du désaveu de leur dîn qui est le polythéisme (ach-chirk), et se réclamant de son dîn qui est l’Islâm ; celui donc qui dit ceci aux polythéistes extérieurement, dans leurs assises et leurs assemblées, et qui en fait une habitude, il a alors exposé son dîn. Et Allah ta‘âlâ dit :

{قَدْ كَانَتْ لَكُمْ أُسْوَةٌ حَسَنَةٌ فِي إِبْرَاهِيمَ وَالَّذِينَ مَعَهُ إِذْ قَالُوا لِقَوْمِهِمْ إِنَّا بُرَآءُ مِنْكُمْ وَمِمَّا تَعْبُدُونَ مِنْ دُونِ اللَّهِ} 

[Certes, vous avez eu un bel exemple (à suivre) en Ibrâhîm et en ceux qui étaient avec lui, quand ils dirent à leur peuple : « Nous vous désavouons vous et ce que vous adorez en dehors d’Allah…]s60v4

Fatwa tirées du livre « ad-duraru as-saniyyah fi-l-ajwibati an-najdiyyah »

Trad: Abû ‘Abdil-Wâhid Bilâl al-Faransî


[i] Le Cheikh ne juge évidemment pas mécréant celui qui dit que la hijrah des pays de mécréance n’est pas obligatoire, étant donné sa parole : « qui ne pourrait presque pas émaner », mais s’il dit ceci, c’est dû à son étonnement quant au fait que cette ambiguïté (choubhah) puisse émaner d’un muslim monothéiste (muwahhid) d’autant plus de quelqu’un qui revendique être du nombre des gens de science (!), tout en sachant ce que le fait de vivre parmi les mécréants engendre sur le dîn et la foi (al-îmân) du croyant, et que cela peut le conduire lui-même à la mécréance.

Et le phénomène d’apostasie n’est pas inconnu de nos frères résidant en France et autre pays de mécréance. En effet, combien de personnes qui priaient avec nous tous les jours ont un jour déserté la mosquée, puis on a apprit qu’ils sont retombés dans la mécréance, le délaissement de la prière et autres choses de ce genre, à force d’avoir côtoyé les mécréants au travail ou même dans leur propre maison pour ce qu’il s’agit des enfants de mécréants convertis à l’Islâm ?!

Bien sûr, côtoyer les mécréants a des conséquences, le Prophète (sallallâhu alayhi wa sallam) ayant dit : « L’homme est sur le dîn de son ami, que chacun d’entre vous regarde alors qui il prend pour ami. » (Abû Dâwûd, at-Tirmidhî, Ahmad) et aussi : « L’exemple du bon compagnon et du mauvais compagnon est comme celui du porteur de musk et du forgeron, quant au porteur de musk soit tu lui achètes soit tu profites de son odeur, quant au forgeron, soit il te brûle le corps ou tes vêtements soit tu trouves auprès de lui une mauvaise odeur. » (al-Bukhârî et Muslim)

[ii] Le Cheikh fait allusion ici au fait que la foi (al-îmân), ce n’est pas seulement d’admettre et de dire que le dîn d’Allah et la vérité (at-tasdîq), mais la foi (al-îmân) est une croyance dans le cœur, qui se taduit inévitablement par la langue et les actes.

[iii] « Nous ne pouvions pas sortir ni nous déplacer sur terre. » est l’interprétation de Ibn Kathîr, mais l’interprétation de at-Tabarî suivante semble être plus conforme au sens du verset : « Les polythéïstes nous affaiblissent sur nos terres et dans nos pays dû à leur grand nombre et leur force, et nous empêchent en cela de croire en Allâh (c’est à dire  par le cœur, la langue et les actes comme cité précédemment note 21) et de suivre Son Messager  (sallallâhu alayhi wa sallam) », car ce qui leur est reproché c’est de ne pas avoir pratiqué le dîn d’Allah comme il se doit, pas de ne pas sortir et voyager sur la terre, w-Allâhu A‘lam .

[iv] Hadîth très faible

[v] Qu’en est-il alors que l’adhân est interdit en France ainsi d’autres préceptes comme le voile du visage (as-sitar), l’égorgement des bestiaux (adh-dhabh), l’enterrement des mort muslimîn dans un cimetière séparé de celui des mécréants, le fait d’ordonner le convenable et d’interdire le blâmable, sans compter le faite que l’instruction des mécréants pour nos enfants muslimîn est obligatoire à partir de 6 ans jusqu’à 16 ans, et j’en passe, wa lâ hawlâ wa lâ quwwata illâ billâh !

[vi] Le cheikh a cité ici al-wahhâbiyyah, qui est le fait de se revendiquer du suivi du cheikh Muhammad ibn ‘Abdel-Wahhâb an-Najdî at-Tamîmî. Et le cheikh a cité cela car à son époque, en Arabie Saoudite, celui qui revendiquait cela  revendiquait en fait le suivit  de la voie du Coran et de la Sunnah, car Muhammad ibn ‘Abdel-Wahhâb fut un revificateur (mujaddid) de cette voie.

Néanmoins, se revendiquer d’un cheikh en particulier est l’une des caractéristiques des gens de l’innovation, ceci est donc une erreur, les gens de la vérité se revendiquant alors du Coran, de la Sunnah, et des pieux prédécesseurs de façon général, comme le Prophète Muhammad (sallallâhu alayhi wa sallam) a dit : « Les meilleurs des gens sont ma génération, puis ceux qui viennent ensuite, puis ceux qui viennent ensuite. » (al-Bukhârî et Muslim)

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