“Les savants ne connaissent rien à l’actualité!” (S. Sâlih Âli sh Shaykh)

بسم الله الرحمن الرحيم

“Les savants ne connaissent rien à l’actualité!” (S. Sâlih Âli sh Shaykh)

Question : Que veut dire « la compréhension de l’actualité » (fiqh al wâqi’) ?

 

Réponse (S. Sâlih Âli sh Shaykh): Premièrement : L’expression est composée de deux mots : « compréhension (fiqh) et « l’actualité (ou faits, évènements, ce qui arrive) » (al wâqi’). Et chacun des deux mots était utilisé chez les pieux prédécesseurs -qu’Allah les agrée-. Ils utilisaient le mot « compréhension » et utilisaient le mot « actualité », et malgré cela, ils n’ont pas donné à « actualité » ce que veulent ceux qui font cette juxtaposition. Al wâqi’ : c’est ce qui a lieu comme évènements et situations chez les gens.

 

Les prédécesseurs n’ont pas fait cette juxtaposition malgré l’existence de ces deux mots chez eux. Ils n’ont pas accolé « compréhension » à « actualité » pour dire « la compréhension de l’actualité ». Ils ont plutôt dit : « la compréhension du Livre », « la compréhension de la Sunnah » et ce qui y ressemble. La « grande compréhension » (al fiqh al akbar) qui est le crédo. Quant à la compréhension de l’actualité, ce n’est pas rapporté d’eux. La connaissance de l’actualité n’a pas été nommée « fiqh al wâqi’ » malgré le fait que des savants furent présents durant quatorze siècles. Ceci est la preuve que cette dénomination est une nouveauté et « toute nouveauté est une innovation », car elle est liée à la législation. Et il n’échappe à personne d’entre vous que cette dénomination touche, pour ceux qui l’utilisent, aux jugements législatifs.

 

Il est donc clair que cette juxtaposition n’a pas été citée par les prédécesseurs malgré l’existence de ces deux mots. Qu’est-ce qu’il y avait chez les prédécesseurs et chez les gens de science ? Il y avait le fait que le muftî ne donne de fatwa et que le juge ne juge pas dans les sujets législatifs qu’après avoir pris connaissance des évènements (wâqi’) du sujet sur lequel ils sont interrogés. Lorsqu’il est interrogé sur une chose, il ne lui est pas permis de donner une fatwa ou de juger sans se la représenter. De ce fait, l’imam de la da’wah (Shaykh Al Islam Muhammad Ibn ‘Abd Al Wahhâb) -qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit dans certains sujets de Kitâb At Tawhîd : « Et parmi elles (les fawâid) : la compréhension (fahm) des évènements (wâqi’) de la part du compagnon. » C’est-à-dire : sa compréhension des évènements des gens et de ce sur quoi ils interrogent. Il n’est pas interrogé sur un sujet sans savoir ce que les gens veulent par là. Est-il inattentif ? Non, mais plutôt il visualise le sujet lorsqu’il est interrogé. Lorsque la question est par exemple sur le fiqh, il connait sa forme au niveau du fiqh. Ceci est connu chez les gens de science. Ils ont même dit : « Le jugement sur une chose est une branche de sa représentation (dans l’esprit). »

 

Le wâqi’ est de deux sortes :

·Un wâqi’ qui a une influence sur les jugements législatifs.

·Un wâqi’ qui n’a pas d’influence.

 

Tout ce qui se passe entre les gens, ce qu’Allah crée sur Sa terre n’a pas forcément une influence sur les jugements législatifs.

 

La première sorte : le wâqi’ sur lequel sont basés les jugements législatifs, la compréhension du sujet, sa visualisation et ce qui en découle.

La deuxième : ce qui est lié au sujet mais n’a aucune influence sur le jugement législatif. Ceci est un wâqi’ qui n’a pas d’influence.

 

Par exemple, deux personnes vont voir le juge pour une affaire. L’un d’eux parle durant un quart d’heure. Puis le deuxième parle également un quart d’heure. Tout ce qu’ils ont cité a eu lieu, mais le juge n’aura retenu de tout cela que trois ou quatre paroles, car ce sont elles qui influent sur le jugement législatif.

 

De la même façon, celui qui va voir un savant pour demander une fatwa. Tu lui racontes une longue histoire et il te répond en deux trois paroles. Tu dis : « Non, shaykh. Il y a eut ça et ça. » Il répond : « Même s’il y a eut ça, ça n’a pas d’influence. » Et ça a eu lieu pour toi, mais n’a aucune influence pour le savant.

 

Ainsi, ce n’est pas tout ce qui a lieu chez les gens ou dans l’ici-bas qui a une influence sur les jugements législatifs et donc il est seulement obligatoire eux savants de connaître l’actualité sur laquelle sont basés les jugements législatifs.

 

À notre époque, le sens de « compréhension de l’actualité » est la connaissance des situations des gens, des Musulmans et des ennemis, ce qu’ils attaquent, ce qu’ils planifient, et autres nombreuses sciences. Et il n’y a pas de doute que ceci est -malgré la récrimination de l’appellation-tel une science recherchée. Qu’un groupe de la communauté connaisse ces choses. Et ceci est du type des obligations communautaires comme la science de la politique[1], la science de la physique, la chimie, l’algèbre, la géométrie, et autres. Sa connaissance est donc essentiel à la communauté, mais il s’agit d’une connaissance (ma’rifah) et non d’une compréhension (fiqh), car le fiqh c’est la compréhension des choses, le fiqh c’est la compréhension :

مَا نَفْقَهُ كَثِيرًا مِمَّا تَقُولُ

Nous ne comprenons pas grand-chose à ce que tu dis ! (11 :91)

Et aucun de ceux qui suivent les situations du monde parmi les étudiants qui s’y intéressent ne prétend comprendre ce qui arrivera comme évènements. De ce fait, cette appellation n’est pas authentique, car ce qu’ils visent n’est que la connaissance de ce qui est dit ou écrit et ceci est très en deçà de la compréhension.

 

Nous avons dit qu’il est essentiel qu’il y ait dans la communauté des gens qui savent, et cela fait partie des obligations communautaires, et shaykh Nâsir Ad Dîn Al Albânî a cité ceci lorsque le sujet lui a été présenté.

 

Et ceci fait l’unanimité chez les savants : les sciences communautaires ne sont pas destinées à tous les gens, car ce n’est pas bénéfique à leur religion, mais ça les occupe plutôt à ce qui est plus important pour eux ! Vois-tu si une personne arrivait aujourd’hui pour une conférence et que nous lui préparions le cours et disions : « Parle aux frères de la théorie de la relativité d’Einstein ! »

 

Le fait qu’on trouve dans la communauté des gens qui savent ces choses spécifiques à la physique, il n’y a pas de mal, mais est-ce que tu en parles ? Il n’y a aucun doute que ça fait partie des choses communautaires qui ne vous conviennent pas. Et lorsque vous le connaissez, vous connaissez une science. Est-ce que cela s’applique à l’actualité des gens et aux plans des ennemis ou pas ? Mentionner les plans des ennemis et les situations des Musulmans profite aux jeunes d’un côté, et leur cause du tort par d’autres voies :

 

Ca leur profite dans le sens où ça fait vivre en eux leur liaison avec l’Islam, ça fait vivre en eux la haine des mécréants et des associateurs, ça fait vivre en eux le fait de se méfier des ennemis et autres que ça. Et ceci est un bénéfice recherché[2].

 

Et d’un autre côté, cela mène les jeunes à être éduqué sur autre que l’éducation salafiyyah dont la source et l’origine sont le Coran et la Sunnah.

 

Et on a constaté que celui qui est préoccupé par ces choses-là est occupé des mois ou des années. Et lorsque tu lui demandes : « A quoi es-tu parvenu (avec ces lectures) aujourd’hui ? » il répond : « Je ne suis parvenu à rien. » Et l’un de ceux en qui j’ai confiance parmi ceux qui prennent soin de ces choses-là dit : « J’ai parcouru l’ensemble des magazines et des journaux afin d’en déduire ce qui arrivera par la suite au niveau des politiques et des plans futurs. Et j’ai trouvé que tout ce que j’ai lu ne donne aucune idée de l’avenir ! »

 

Et l’un des ministres anglais fut interrogé à propos de la définition de la politique et il répondit : « La définition la plus authentique est que la politique, c’est le mensonge. »

 

Et nous basons sur ceci notre compréhension que s’occuper de ces choses-là ne donne aucun bénéfice, mais ça t’écarte plutôt de ce qui t’est obligatoire ainsi qu’à ceux que tu aimes.

 

Lorsque tu réfléchis sur cette parole, tu trouves que c’est à l’exemple de l’actualité. Les gens -les jeunes et les Musulmans de façon générale-, on leur donne ce qui leur profite dans ce domaine mais avec ses bases législatives, c’est-à-dire avec notre inimitié envers les juifs et les chrétiens[3]. Tu lis sur le sujet les versets relatifs à l’alliance et au désaveu, et ce qu’ils ont fait dans la pire des choses, qui est qu’ils ont associé à Allah, ont insulté Allah de la pire façon[4], et ceci suffit pour que chaque croyant monothéiste les déteste.

 

Connaitre les situations des gens et se qui se passe entre eux ne diminue pas son ignorance -c’est-à-dire : les choses de l’ici-bas. Ne vois-tu pas l’histoire de Sulaïmân -sur lui la paix- du fait qu’il était voisin d’un état et d’un royaume -le royaume de Saba dont la reine était Bilqîs[5]-et elle possédait de l’ici-bas ce qu’elle possédait. Elle était sa voisine et possédait de la force et malgré cela il ne connaissait rien d’elle. Et Allah ne le mit au courant de rien la concernant, car cela n’a aucune relation avec le fait de répandre le message d’Allah. Ce n’est que la huppe qui l’informa d’une chose relative au crédo en disant :

أَحَطْتُ بِمَا لَمْ تُحِطْ بِهِ وَجِئْتُكَ مِنْ سَبَإٍ بِنَبَإٍ يَقِينٍ

« J’aiappriscequetun’aspointappris;etje terapportedeSabaaunenouvellesûre » (27 :22)

Qu’est-ce que cette information avec laquelle la huppe s’est empressée ?

وَجِئْتُكَ مِنْ سَبَإٍ بِنَبَإٍ يَقِينٍ
إِنِّي وَجَدْتُ امْرَأَةً تَمْلِكُهُمْ وَأُوتِيَتْ مِنْ كُلِّ شَيْءٍ وَلَهَا عَرْشٌ عَظِيمٌ
etje terapportedeSabaaunenouvellesûre

J’ai trouvéqu’unefemmeestleurreine, quedetoutechoseelleaétécombléeetqu’elleauntrône magnifique. (27 :22-23)

Ceci est l’introduction, [puis] :

وَجَدْتُهَا وَقَوْمَهَا يَسْجُدُونَ لِلشَّمْسِ مِنْ دُونِ اللَّهِ وَزَيَّنَ لَهُمُ الشَّيْطَانُ أَعْمَالَهُمْ فَصَدَّهُمْ عَنِ السَّبِيلِ فَهُمْ لَا يَهْتَدُونَ

Je l’ai trouvée, elleetsonpeuple, seprosternantdevantlesoleilaulieud’Allah. LeDiableleuraembellileursactions, etlesadétournésdudroitchemin, etilsnesontpasbienguidés. (27 :24)

Source : commentaire de Masâil Al Jâhiliyyah.

Trad Ayyûb

dammaj-fr.com

 

 


[1] NdT : c’est-à-dire la politique islamique, comme gérer un pays, les Musulmans, etc., basée sur le Livre d’Allah et la Sunnah. Quant à la politique comme les élections ou la démocratie ou le parlement, ce sont des innovations et de la ressemblance aux mécréants.

[2] NdT : Quant à ceux qui prétendent ne pas aimer les ennemis de l’Islam ou qui ne parlent que de la Palestine et de « nos frères palestiniens » et qui dans le même temps, s’habillent comme eux, parlent comme eux, et tu ne différencies pas dans l’apparence entre lui et celui de qui il parle, puis lorsque tu lui parles de la Sunnah et des obligations islamiques il dit « épluchures » et lorsque tu lui parles des savants il dit : « travailleurs des dirigeants », celui-là, le fait de suivre les actualités n’a fait que l’enfoncer dans l’ignorance et la bêtise et l’a détourné de ce qu’Allah lui a rendu obligatoire wAllahu l Musta’ân !

[3] NdT : Allah dit : (لَا يَتَّخِذِ الْمُؤْمِنُونَ الْكَافِرِينَ أَوْلِيَاءَ مِنْ دُونِ الْمُؤْمِنِينَ وَمَنْ يَفْعَلْ ذَلِكَ فَلَيْسَ مِنَ اللَّهِ فِي شَيْءٍ إِلَّا أَنْ تَتَّقُوا مِنْهُمْ تُقَاةً وَيُحَذِّرُكُمُ اللَّهُ نَفْسَهُ وَإِلَى اللَّهِ الْمَصِيرُ) : « Que les croyants ne prennent pas les mécréants comme alliés en dehors des croyants. Et celui qui fait ça, il n’a aucun lien avec Allah -à part si vous craignez quelque chose d’eux- et Allah vous met en garde contre Lui-même ! Et vers Allah est la destination » (3 :28)

[4] NdT : par leur parole : « Allah a un fils », alors qu’il ne convient pas à Allah d’avoir un fils.

[5] NdT : ce nom est répandu mais il n’existe aucun hadith du prophète (صلى الله عليه وسلم) sur son nom, à part des récits israélites dont on ne connait pas l’authenticité. Donc le mieux est de dire « la reine de Saba », comme l’a démontré shaykh Muqbil -qu’Alllah lui fasse miséricorde.

Laisser un commentaire