Prendre la nationalité d’un pays mécréant pour les facilités de voyage (Ch. Yahyâ)

Le questionneur dit :

Votre éminence, qu’Allâh vous préserve. Est-il permis de prendre la nationalité d’un pays mécréant en vue d’en profiter pour les facilités trouvées lors des voyages et non pour y résider ?

Réponse du Cheikh :

بسم الله الرحمن الرحيم
الحمد لله والصلاة والسلام على رسول الله وعلى آله وصحبه ومن اتبع هداه أما بعد:

 

La réponse, barâkallahu fîkum : la plupart des savants voient qu’il est interdit de prendre la nationalité d’un pays mécréant, pour fermer les portes à toute forme d’alliance envers eux, ne pas augmenter leur nombre et empêcher de se voir influencé par eux ou d’être des leurs, se fondant sur maintes preuves, dont :

لَا يَتَّخِذِ الْمُؤْمِنُونَ الْكَافِرِينَ أَوْلِيَاءَ مِنْ دُونِ الْمُؤْمِنِينَ وَمَنْ يَفْعَلْ ذَلِكَ فَلَيْسَ مِنَ اللَّهِ فِي شَيْءٍ إِلَّا أَنْ تَتَّقُوا مِنْهُمْ تُقَاةً (28)

Que les croyants ne prennent pas pour alliés les mécréants au lieu des croyants. Quiconque le fait n’est en rien avec Allâh, à moins que vous ne cherchiez à vous protéger d’eux. (La famille de ‘Imrân v28)

Allâh – تعالى – dit :

الَّذِينَ يَتَّخِذُونَ الْكَافِرِينَ أَوْلِيَاءَ مِنْ دُونِ الْمُؤْمِنِينَ أَيَبْتَغُونَ عِنْدَهُمُ الْعِزَّةَ فَإِنَّ الْعِزَّةَ لِلَّهِ جَمِيعًا (139) وَقَدْ نَزَّلَ عَلَيْكُمْ فِي الْكِتَابِ أَنْ إِذَا سَمِعْتُمْ آيَاتِ اللَّهِ يُكْفَرُ بِهَا وَيُسْتَهْزَأُ بِهَا فَلَا تَقْعُدُوا مَعَهُمْ حَتَّى يَخُوضُوا فِي حَدِيثٍ غَيْرِهِ إِنَّكُمْ إِذًا مِثْلُهُمْ إِنَّ اللَّهَ جَامِعُ الْمُنَافِقِينَ وَالْكَافِرِينَ فِي جَهَنَّمَ جَمِيعًا (140)

Ceux qui prennent pour alliés des mécréants au lieu des croyants, est-ce la puissance qu’ils recherchent auprès d’eux ? La puissance appartient entièrement à Allâh. Dans le Livre il vous a déjà été révélé ; lorsque vous entendez qu’on mécroit aux versets d’Allâh ou qu’on s’en raille alors ne vous asseyez point avec eux jusqu’à ce qu’ils changent de conversation, sans quoi vous serez comme eux. Allâh rassemblera certes les hypocrites et les mécréants, tous, dans l’Enfer. (Les femmes v139-140)

Et le point à souligner du verset est (trr) : « est-ce la puissance qu’ils recherchent », et Sa Parole (trr) : « ne vous asseyez pas avec eux… », démontrant qu’il est interdit d’être des leurs en toute situation.

C’est pour cela qu’Il a imposé de les quitter, Il a dit :

إِنَّ الَّذِينَ تَوَفَّاهُمُ الْمَلَائِكَةُ ظَالِمِي أَنْفُسِهِمْ قَالُوا فِيمَ كُنْتُمْ قَالُوا كُنَّا مُسْتَضْعَفِينَ فِي الْأَرْضِ قَالُوا أَلَمْ تَكُنْ أَرْضُ اللَّهِ وَاسِعَةً فَتُهَاجِرُوا فِيهَا فَأُولَئِكَ مَأْوَاهُمْ جَهَنَّمُ وَسَاءَتْ مَصِيرًا (97)

Certes ceux dont les anges arracheront les âmes alors qu’ils étaient injustes envers eux-mêmes. Ils diront “où en étiez-vous (dans votre religion) ? Ils diront nous étions impuissants sur terre. Ils diront : la terre d’Allâh n’était pas assez vaste pour que vous puissiez immigrer ? Ceux-là, leur refuge sera l’Enfer, et quelle mauvaise destination. (Les femmes v97)

Les imams Aboû Dâwoûd, at Tirmidhy et al Hâkim ont rapporté de Samourah Ibn Joundoub que le prophète عليه السلام a dit : “Celui qui se mélange aux associateurs, vit, cohabite avec eux est comme eux.” Authentifié par al Hâkim.

Et sa parole عليه السلام : “Je suis innocent de tout mouslim vivant au milieu des associateurs”, ils demandèrent “et pourquoi ô messager d’Allâh ?” Il dit : “Leurs feux ne doivent pas se voir”.

Et selon Bahz ibn Hakîm d’après son père d’après son grand-père, le messager d’Allâh عليه السلام a dit : “Allâh n’accepte (aucune œuvre) d’un associateur après qu’il se soit converti tant qu’il ne se sépare pas des associateurs pour rejoindre les mouslims.”

An Nasâi a rapporté de Jarîr qu’il a dit : J’ai prêté allégeance au messager d’Allâh عليه السلام d’accomplir la salât, de m’acquitter de la zakât, de prodiguer le conseil à chaque mouslim et de me séparer des associateurs.

Et dans le Sahîh de Mouslim, selon Boureydah, lorsque le messager d’Allâh عليه السلام dépêchait un chef de bataillon ou de troupe, il exhortait celui-ci à plusieurs choses. Boureydah les cita, et parmi elles : “Puis quitte leurs terres (aux associateurs) pour te rendre à celle des mouhâjirîn”.

La naturalisation chez eux comporte certains dangers pour celui qui le fait ou bien même pour sa famille après sa mort. Cette naturalisation implique qu’il ait la nationalité de ce pays, qu’il doive respecter ses lois et son système. Il devient alors un de ses citoyens, avec les mêmes droits et restrictions que les autres. Il est tenu par les règles de leur communauté lors des situations personnelles, il ne peut intervenir dans les affaires de ses propres enfants s’ils atteignent la majorité (décrétée par les lois), qu’il s’agisse du garçon ou de la fille… Au vu des fâcheuses conséquences qui en résultent, demander la naturalisation d’un état mécréant est interdit.

La cause citée ici (obtenir des facilités pour voyager) n’est pas une nécessité vitale rendant permises les choses proscrites. Peu importe que cette naturalisation engendre une subordination à leur système ou une soumission à leurs lois ou pas, le simple fait d’augmenter la masse des gens du faux est interdit.

Parmi les maux que cela comporte il y a aussi :

La peur de la perte des enfants. Tu peux être la cause qui fait que tes enfants prennent la nationalité du pays mécréant et que cela cause leur perte. Même si tu ne leur accordes pas la nationalité de ton vivant, tu n’es pas à l’abri qu’ils cherchent d’eux-mêmes à l’avoir après ta mort.

Cela comporte également une ressemblance (aux mécréants), et il a été authentifié que celui qui ressemble à un peuple en fait partie. Cheikh al Islâm a dit dans (اقتضاء الصراط المستقيم) : “La ressemblance extérieure engendre un amour et une alliance intérieure tout comme il résulte d’un amour interne une ressemblance externe et apparente”. Chose constatée par l’expérience et les faits.

Source : https://www.sh-yahia.net/show_fatawa_8130.html

Traduit par Abou Taymiyah Khalîl al Martinîky

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