Chapitre du mérite de la science de Riyâdh As-Sâlihîn
Al-Hasad (l’envie)
Muhammad Ibn Sâlih Al-‘Uthaymîn
D’après Ibn Mas’ûd, le prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : « Il n’y a de Hasad (d’envie) permise que dans deux choses. La première concerne un homme à qui Allah a donné une fortune qu’il s’empressa de dépenser pour la cause de la vérité. La seconde concerne un homme à qui Allah a donné la sagesse (la science) et qui juge selon elle et l’enseigne. » Ce qui est désigné par Al-Hasad est Al-Ghibtah : l’envie d’acquérir la même chose qu’autrui.
Hadith n°1377 de Riyâdh As-Sâlihîn, chapitre du mérite de la science.
L’imam An-Nawawî a cité dans le chapitre du mérite de la science le hadith d’Ibn Mas’ûd rapportant que le prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : « Il n’y a de Hasad (d’envie) permise que dans deux choses. » Al-Hasad est parfois cité en signifiant l’envie interdite qui fait partie des grands péchés. C’est le fait de détester ce qu’Allah a accordé aux autres. (Par exemple) tu vois une personne qui a de l’argent alors tu la détestes et dis : comme j’aurais aimé qu’Allah ne lui accorde pas de bien. Si la personne a de la science, tu détestes cela et souhaites qu’Allah ne lui ait pas accordé cette science. De même s’il a des enfants pieux. Etc….Cela fait partie des caractéristiques des Juifs. Allah dit sur eux :
أَمْ يَحْسُدُونَ النَّاسَ عَلَى مَا آتَاهُمُ اللهُ مِنْ فَضْلِهِ
« Envient-ils aux gens ce qu’Allah leur a donné de par Sa grâce? » An-Nisâ, v.54
وَدَّ كَثِيرٌ مِنْ أَهْلِ الْكِتَابِ لَوْ يَرُدُّونَكُمْ مِنْ بَعْدِ إِيمَانِكُمْ كُفَّارًا حَسَدًا مِنْ عِنْدِ أَنْفُسِهِمْ مِنْ بَعْدِ مَا تَبَيَّنَ لَهُمُ الْحَقُّ
« Nombre de gens du Livre aimeraient par jalousie de leur part, pouvoir vous rendre mécréants après que vous ayez cru. Et après que la vérité se soit manifestée à eux? » Al-Baqarah, v.109
Quand à la deuxième catégorie de Al-Hasad : c’est la Ghibtah (l’envie saine). C’est à dire que tu te réjouis de ce qu’Allah a accordé à un autre comme argent, science, enfants ou rang… Les gens se réjouissent entre eux pour ce qu’Allah leur a accordé comme bienfaits. La personne dit : machallah ! Allah a accordé telle chose à untel ! Et telle chose à un autre ! Mais il n’y a d’envie véritable que dans deux choses :
Premièrement : la science
Ce qui est voulu est la science profitable, désignée dans sa parole : « un homme à qui Allah a donné la sagesse (la science) et qui juge selon elle et l’enseigne. » C’est cela la science.
Si Allah accorde à une personne de la science et qu’il juge avec elle entre les gens, qu’il soit juge ou pas, et qu’il juge aussi en lui-même et sur lui-même, et qu’il instruit les gens, c’est cela qui est enviable. Car la science est la chose la plus profitable. Elle est plus profitable pour la personne que l’argent, que les œuvres pieuses. Car s’il meurt et en a fait profiter les gens, elle va perdurer jusqu’au Jour de la Résurrection. Toutes les fois où une personne va profiter de cette science, il en obtiendra la récompense. A mesure que tu la répands et l’enseigne, elle augmente. Parmi ce qu’il y a de plus efficace pour que la science s’affermisse et que s’ancre sa mémorisation est le fait de l’instruire aux autres. Car Allah aide Son Serviteur tant que Son serviteur aide son frère. Si tu instruis les autres, Allah t’instruit. Et si tu instruis les autres alors cette science s’affermit en toi. Mais tu ne t’avances pour enseigner que si tu fais partie des gens aptes à cela, afin qu’Allah la rende bénéfique par ton intermédiaire. Et afin que tu n’échoues pas en face des gens. Car celui qui s’avance pour enseigner sans en être apte ne manque pas de faire partie d’une de ces deux catégories :
Soit il dit des choses fausses sans qu’il ne s’en rende compte. Soit il échoue, par exemple en étant incapable de répondre s’il est questionné. Donc plus tu répands cette science, plus elle augmente.
Et aussi, la science ne nécessite pas de fatigue, sauf pour son apprentissage. Elle n’a pas besoin par exemple de coffres comme pour l’argent, ni de comptables, ni de calculs. Le coffre de la science est ton coeur. Et ce coffre est avec toi où que tu sois. Tu ne crains donc pas qu’elle soit volée ou brûlée. Car elle est dans ton cœur.
Ce qui est important est que la science est la plus grande des faveurs qu’Allah ait accordée aux gens après l’Islam et l’Iman (la foi). C’est pour cela qu’il a dit : « un homme à qui Allah a donné la sagesse (la science) et qui juge selon elle et l’enseigne. »
Quant au second : « Un homme à qui Allah a donné une fortune qu’il s’empressa de dépenser pour la cause de la vérité. »
C’est-à-dire qu’il dépense son argent dans ce qu’Allah agrée. Il ne le dépense pas dans des choses interdites ou des futilités mais dans ce qu’Allah agrée. Il s’empresse de le dépenser dans le bien. Cela fait aussi partie des choses enviables. Nous n’envions pas celui qui a beaucoup d’argent mais qui est avare. L’argent ne lui profite pas, nous ne l’envions donc pas. Nous avons plutôt mal pour lui et disons : O le pauvre ! Comment va-t-il rendre compte de cet argent le Jour de la Résurrection ? D’où l’a-t-il acquis ? Dans quoi l’a t-il dépensé ? Et comment en a-t-il disposé ? Mais si nous voyons une personne à laquelle Allah a accordé une fortune qu’il dépense dans ce qui satisfait Allah, nous disons : machallah ! Cela est enviable. Mais nous n’envions pas une personne qui dépense ce qu’Allah lui a accordé dans des palais, des décorations, d’énormes voitures…Nous disons plutôt que cela est abusif. S’il dépasse les limites dans ce qu’il dépense, nous disons que cela est excessif (c’est du gaspillage) et Allah n’aime pas les gaspilleurs.
Nous n’envions pas non plus une personne qui dépense dans des choses qui ne profitent pas aux gens ni dans leur religion ni dans leur vie ici bas. Certains dépensent dans des badinages (des jeux) et des choses où il n’y a aucun bien ni dans cette vie ici bas ni dans l’au-delà. Ceux-là nous ne les envions pas car ils ne dépensent pas dans le bien. Nous envions seulement celui qui dépense son argent dans le bien. Nous n’envions pas non plus une personne à qui Allah a accordé une fortune et chaque fois qu’il lui vient à l’esprit l’idée de se marier alors il se marie. Et il réunit chez lui des belles femmes que n’ont pas les autres. Celui-là, nous ne l’envions pas. Sauf s’il dépense son argent dans le bien et veut par cela préserver son sexe et obtenir la sunna, et avoir une grande descendance. Cela est un but légiféré que l’on peut envier.
Ce qui nous concerne dans ce hadith dans le chapitre du mérite de la science est sa première partie : un homme à qui Allah a donné la sagesse, c’est-à-dire la science, et il juge avec elle et l’enseigne. Il est le meilleur des deux hommes, c’est-à-dire meilleur que celui qui possède de l’argent et le dépense dans le bien.
Je demande à Allah de nous accorder ainsi qu’à vous la science utile et les œuvres pieuses.
Source : explication de Riyâdh As-Sâlihîn faite par Shaikh Muhammad Ibn Salih Al-‘Uthaymîn, hadith n°1377. vol.2, p1475-1476
Traduit par : Samir Abû Bilâl Al-Jazâ-irî.
Source: Dammaj.fr