Le chapelet (Ch. Al Albani)

Bismillah

Le chapelet

Cheikh Al Albani

Ad Da’îfah n°83 :

نعم المذكر السبحة ، و إن أفضل ما يسجد عليه الأرض ، و ما أنبتته الأرض

« Quel bon rappeleur que le chapelet, et la meilleure chose sur laquelle se prosterner est la terre et ce que fait pousser la terre. »

[Shaykh Al Albânî – رحمه الله تعالى – dit, après avoir démontré que le hadith est inventé] :

Et ce qui a précédé te démontre que la chaîne est faible et aucun argument ne tient par elle. Puis le hadith, du point de vue de son sens est faux (bâtil) selon moi à cause de plusieurs choses:

La première : que le chapelet est une innovation qui n’existait pas à l’époque du prophète . Il ne fut inventé qu’après lui . Comment donc penser qu’il  a incité ses compagnons à une chose qu’ils ne connaissaient pas?! Et la preuve de ce que nous avons mentionné est ce que rapporte Ibn Waddâh Al Qurtubî dans « Al Bida’ Wan Nahy ‘Anhâ » (p.12) d’après As Sult Ibn Bahrâm qu’il a dit: Ibn Mas’ûd passa près d’une femme qui avait un chapelet par lequel elle glorifiait [Allah]. Il le coupa et le jeta. Puis il passa près d’un homme qui glorifiait avec des cailloux. Il le frappa donc du pied, puis dit: « Vous avez certes devancé! Vous avez fait une innovation injustement! Et vous vous êtes cru plus savants que les compagnons de Muhammad ! » Et sa chaîne est authentique jusqu’à As Sult, et il est sûr et fait partie des suivants des suivants. La chaîne est donc interrompue.

Puis il rapporta d’après Abân Ibn Abî ‘Iyâch qu’il a dit: j’ai interrogé Al Hasan sur le nizâm (un fil sur lequel sont assemblés des perles, des pierres et autres) de pierres, de noyaux et autre, est-ce qu’on glorifie avec? Il répondit: « Aucune des épouses du prophète  ne l’a fait, ni les émigrées. » Mais sa chaîne est très faible.

La deuxième : qu’il contredit sa guidée . ‘Abd Allah Ibn ‘Amr a dit: « J’ai vu le messager d’Allah  compter les glorifications avec la main droite. » Rapporté par Abû Dâwûd, At Tirmidhî qui l’a jugé bon, Ibn Hibbân, Al Hâkim, Al Baihaqî et sa chaîne est authentique comme l’a dit Adh Dhahabî puis j’en ai fait le takhrîj dans Sahih Abî Dâwûd.

Il contredit également son ordre  à des femmes: « Faites assidument le tasbîh (dire subhanAllah) le tahlîl (dire lâ ilâha illAllah) et le taqdîs (dire par exemple subbûhun quddûsun rabbu l malâikati war rûh). Ne soyez pas insouciantes ou vous oublierez le tawhîd -et dans une transmission: la miséricorde- et comptez avec les phalanges car elles seront interrogées et parleront. » Et c’est un hadith bon, rapporté par Abû Dâwûd et d’autres. Al Hâkim et Adh Dhahabî l’ont authentifié, et An Nawawî et Al ‘Asqalânî l’ont jugé bon. Et il a un témoin d’après ‘Âichah, arrêté à elle. Voir Sahih Abû Dâwûd (1345).

De par ceci, un grand groupe a affaibli le hadith comme l’a cité shaykh Muhammad Khalîl Al Qâwaqijî dans « Chawâriq Al Anwâr Al Jalîlah ».

[Puis Shaykh Al Albânî dit plus loin :]

Il est certes venu dans certains hadiths la glorification avec des cailloux et qu’il  l’a approuvé. Et qu’il n’y a pas de différence, dès lors, entre ça et la glorification par le chapelet comme l’a dit Ach Chawkânî. Je dis donc:

Ceci pourrait être correct si les hadiths sur le sujet étaient authentiques, mais ce n’est point ainsi. Il y a deux hadiths rapportés sur ceci, qu’As Suyûtî a cité dans son épitre auquel il a été fait allusion. Il est donc essentiel de les citer tous deux et de démontrer leurs défauts.

Le premier: d’après Sa’d Ibn Abî Waqqâs qu’il est rentré avec le messager d’Allah  chez une femme qui avait devant elle des graines, ou des cailloux avec lesquels elle glorifiait. Il lui dit: « Je vais t’informer de ce qui te sera plus facile que cela ou mieux. » Il dit: « Gloire à Allah autant que ce qu’Il a créé dans les cieux… » le hadith. Rapporté par Abû Dâwûd, At Tirmidhî, Ibn Hibbân, Ad Dawarqî dans Musnad Sa’d, Al Mukhallis dans Al Fawâid, Al Hâkim par la voie de ‘Amr Ibn Al Hârith que Sa’îd Ibn Abî Hilâl lui a rapporté d’après Khuzaïmah d’après ‘Âichah Ibn Abî Waqqâs d’après son père. At Tirmidhî a dit: bon. Al Hâkim a dit: chaîne authentique, et Adh Dhahabî l’a approuvé et s’est trompé, car Khuzaïmah est inconnu. Adh Dhahabî lui-même a dit dans Al Mîzân: « Khuzaïmah n’est pas connu ». Et Sa’îd Ibn Abî Hilâl, malgré sa sûreté (thiqah), As Sâjî a rapporté d’après Ahmad qu’il s’est mélangé [dans les hadiths]. Et Yahyâ l’a caractérisé également par l’ikhtilât comme dans Al Fasl d’Ibn Hazm. Et il se peut que ce qui renforce cela est sa transmission de ce hadith-là. Car certains rapporteurs sûrs l’ont rapporté de lui sans mentionner dans sa chaîne Khuzaïmah, la chaîne devenant interrompue. De ce fait, Al Hâfiz Al Mizzî n’a pas mentionné ‘Âichah Bint Sa’d parmi les shaykhs d’Ibn Abî Hilâl. Cette chaîne n’est donc pas exempte du défaut d’ignorance (l’inconnu), ou de l’interruption. Alors comment le hadith serait authentique ou bon?

Et l’un de ceux qui ont écrit sur le fait que le chapelet était sunnah, parmi les gens des passions contemporains, a ignoré ceci, ou fait semblant d’ignorer, en imitant aveuglément son shaykh ‘Abd Allah Al Ghamârî qui a fait semblant d’ignorer ces réalités en citant ce hadith dans son [livre] Al Kanz afin de l’utiliser pour permettre le chapelet pour ses Murîds1 puis pour permettre de l’accrocher au cou comme le font certains shaykhs des voies [soufies]. Regarde la réfutation contre lui dans l’introduction du tome trois de cette silsilah, tu verras les choses les plus étranges!

Le deuxième: d’après Safiyyah qu’elle a dit: le messager d’Allah rentra chez moi alors que devant moi se trouvaient quatre mille noyaux avec lesquels je glorifiais. Il dit: « Ô Bint Huyay, qu’est-ce que c’est? » Je répondis: Je glorifie avec. Il dit: « J’ai certes glorifié plus que ça depuis que je suis debout à ta tête. » Je dis: Apprends moi, ô messager d’Allah! Il dit: « Dis: Gloire à Allah au nombre de choses qu’Allah a créé… » Rapporté par At Tirmidhî, Abû Bakr Ach Châfi’î dans Al Fawâid, Al Hâkim par la voie de Hâchim Ibn Sa’îd, d’après Kinânah l’esclave affranchi de Safiyyah d’après elle. Et At Tirmidhî a affaibli le hadith par sa parole: « C’est un hadith étrange, nous ne le connaissons que par cette voie, du hadith de Hâchim Ibn Sa’îd Al Kûfî et sa chaîne n’est pas connue. Et sur le sujet, il y a le hadith d’Ibn ‘Abbâs. »

[Shaykh Al Albânî démontre ensuite la faiblesse du hadith puis dit:]

Et ce qui prouve la faiblesse de ces deux hadiths est que l’histoire est rapportée d’après Ibn ‘Abbâs sans la mention des cailloux et ses termes sont : d’après Juwaïriyyah que le prophète  sortit de chez elle un matin lorsqu’il pria le subh alors qu’elle était dans son lieu de prière. Puis il revint après le lever du soleil alors qu’elle était assise. Il dit: « Tu es resté dans l’état dans lequel je t’ai quitté? » Elle répondit: Oui. Le prophète  dit: « J’ai certes dit après toi quatre paroles trois fois: si elles étaient pesées avec ce que tu as dit depuis le début du jour, elles seraient plus lourdes: Gloire à Allah et louange à Lui au nombre de Sa création, [autant] qu’Il agrée, du poids de Son trône, autant que Ses paroles. » Rapporté par Muslim, At Tirmidhî qui l’a authentifié, An Nasâî dans ‘Amal Al Yawm Wal Laylâ, Ibn Mâjah, Ahmad. Ce hadith authentique indique deux choses:

  1. Que la femme de l’histoire est Juwaïriyyah et pas Safiyyah comme dans le deuxième hadith.
  2. Que la mention des cailloux dans l’histoire est munkar.

Et ce qui renforce ceci est la désapprobation d’Ibn Mas’ûd -qu’Allah l’agrée- envers ceux qu’il vit compter avec des cailloux. Et c’est venu d’après plusieurs voies dont l’une a précédé. Et si cela était de ce que le messager d’Allah  a approuvé, ça n’aurait pas échappé à Ibn Mas’ud si Allah veut. Et l’un de ceux qui sortirent de son « école » prit cette désapprobation, et il s’agit de Ibrâhîm Ibn Yazîd An Nakha’î le faqîh, Al Kûfî. Il interdisait à sa fille d’aider les femmes à tresser les fils du chapelet par lequel on glorifie! Ibn Abî Chaïbah le rapporte dans Al Musannaf avec une chaîne excellente.

Quelqu’un pourrait dire: compter par les doigts avec exactitude comme il est venu dans la Sunnah n’est pas possible lorsque le nombre est élevé.

La réponse est que ce problème n’est venu que par une autre innovation qui est le rappel d’Allah un nombre de fois spécifique élevé par lequel la Loi sage n’est pas venue. Cette innovation a donc requis une autre innovation qui est le chapelet!

Et le plus qui est venu dans la Sunnah authentique, de ce qui est établi pour moi, est cent. Et ceci, il est possible d’être exact facilement avec les doigts pour celui qui est habitué.

Quant au hadith: « Celui qui dit dans la journée deux cents fois: il n’y a de dieu qu’Allah, Seul et sans associé… » le hadith. Le sens est: cent fois le matin et cent le soir, comme c’est venu de façon claire dans certaines transmissions établies. Et l’éclaircissement de ceci est dans As Sahîhah (2762).

Quant à ce que rapporte Ibn Abî Chaïbah d’après Waqâ, d’après Sa’îd Ibn Jubaïr qui a dit: ‘Umar Ibn Al Khattâb vit un homme glorifier avec des chapelets. ‘Umar dit alors: il ne lui est permis ceci que s’il dit: Gloire à Allah… etc. C’est munkar de plusieurs façons: parmi elles l’interruption entre lui et Sa’îd, la faiblesse de Waqâ, qui est Ibn Iyâs et qui est mou dans le hadith.

Et s’il n’y avait dans le chapelet qu’un seul péché, qui est qu’il a annihilé le fait de compter par les doigts ou a failli le faire, malgré leur unanimité sur le fait que c’est préférable2, cela suffirait! Et je vois rarement un vieillard compter les glorifications avec les phalanges!

Et les gens se sont diversifiés dans l’innovation par cette innovation. Tu vois certains [attachés] à une voie [soufie] mettre le chapelet autour de leur cou! Et d’autres comptent avec tout en te parlant ou en écoutant ta parole! Et un autre, que mes yeux n’ont pas vus depuis des jours: j’ai vu un homme sur un vélo qui roulait dans une rue bondée de gens en tenant à la main un chapelet! Ils se montrent aux gens comme n’étant pas insouciants au rappel d’Allah un seul instant!

Et souvent, cette innovation est une cause entraînant la négligence de ce qui est obligatoire. Il m’est certes arrivé à de nombreuses reprises -ainsi qu’à d’autres- de saluer l’un d’eux et qu’il me rende le salâm en brandissant le chapelet! Sans prononcer le salâm! Et les maux de cette innovation n’ont pas de limites. Et le poète a bien dit:

Tout bien est dans le suivi de ceux qui ont précédé

Et tout mal est dans l’innovation de ceux d’après

Ad Daîfah, n°1002:

كان يسبح بالحصى

« Il glorifiait avec des cailloux. »

[Shaykh Al Albânî dit, après avoir jugé du hadith qu’il est inventé:]

Et ce hadith contredit ce qui est établi du hadith d’Abd Allah Ibn ‘Amr qui a dit: « J’ai vu le messager d’Allah  compter les glorifications avec la main droite. » Rapporté par Abû Dâwûd avec une chaîne authentique, An Nawawî l’a jugé bon dans Al Adhkâr, de même Al Hâfiz Ibn Hajar dans Natâij Al Afkâr. Le premier l’a ramené à An Nasâî et il est chez lui à l’intérieur d’un hadith. De même, il l’a rapporté dans ‘Amal Al Yawm Wal Laylâ.

Et il est établi également chez Abû Dâwûd et d’autres que le prophète ordonna aux femmes de compter par les phalanges en disant « car elles seront interrogées et parleront. » Et Al Hâkim et Adh Dhahabî ont authentifié.

Ceci est la Sunnah au niveau du comptage du rappel dont le comptage est légiféré. Ce n’est que par la main et par la main droite seulement. La main gauche ou les deux mains ensemble, ou les cailloux, tout cela contredit la Sunnah. Et rien d’authentique n’est rapporté au sujet du comptage par les cailloux, sans parler du chapelet. Au contraire de ce qu’on peut comprendre de Naïl Al Awtâr et As Sunan Wal Mubtada’ât et autres [livres]. Et j’ai certes parlé longuement de cela dans mon épitre « Ar Radd ‘Alâ tTa’qîb Al Hathîth ». Que celui qui désire l’approfondissement y retourne. Et le fait que l’un des contemporains ait pris comme argument la généralité du hadith des « phalanges » et autre est de l’insouciance de sa part, car c’est une généralité qui n’est pas appliquée, et une pseudo ignorance de sa part du hadith du comptage par la main droite qui ne convient pas à quelqu’un faisant partie des gens de science. Alors prends note et ne sois pas parmi les insouciants!

Traduit par Abou Mu’âdh Ayyûb al faransî

dammaj-fr.com

  1. NdT: les élèves des shaykhs soufis.
  2. NdT: car les savants ayant permis le chapelet ont tous affirmé la précellence de compter sur les doigts! Wallahu l musta’ân.

Laisser un commentaire