La différence entre la crainte et la contrainte
L’imam Soulaymân le petit-fils de Cheikh Al islam Mohammed ibn ‘Abdil Wahhâb رحمه الله a dit :
« L’imam Ahmed رحمه الله voyait que les simples menaces ne suffisent pas à ce que la personne soit contrainte et qu’elle ne le devient qu’à partir du moment où elle est torturée.
Car lorsque Yahya ibn Maî’n رحمه الله lui rendit visite et le salua, l’imam Ahmed ne lui répondit pas.
L’imam Yahya رحمه الله ibn Maî’n ne cessa alors de s’excuser en argumentant avoir répondu à la demande du gouverneur (de dire que le Qu’ran est créé) par la contrainte et en justifiant son acte par le hadith de ‘Ammâr رضي الله عنه et de la parole d’Allah عز وجل :
من كفر بالله من بعد إيمانه إلا من أكره وقلبه مطمئن بالإيمان ولكن من شرح بالكفر صدرا فعليه غضب من الله ولهم عذاب عليم
{ Quiconque mécroit en Allah après avoir cru; sauf celui qui y a été contraint alors que son cœur demeure plein de la sérénité de la foi – mais ceux qui ouvrent délibérément leur cœur à la mécréance, ceux-là ont sur eux une colère d’Allah et ils ont un châtiment terrible } [An-Nahl: 106]
Malgré cela l’imam Ahmed رحمه الله détourna son visage de lui et Yahya ibn Maî’n رحمه الله dit : « Il n’accepte aucune excuse » puis s’en alla. Et lorsqu’il sortit l’imam Ahmed رحمه الله dit :
« Justifie-t-il sa position par le hadith de ‘Ammâr, alors que ‘Ammâr رضي الله عنه lui-même a dit :
« Au moment où je passai devant eux, ils (les mécréants Quraychites) se sont mis à t’insulter (le Prophète) ce que je leur interdis immédiatement de faire. Ils se mirent alors à me torturer… »
Quant à vous (Yahya ibn maî’n et ceux qui ont répondu aux menaces du gouverneur) vous avez été menacés et non torturés. Et lorsque Yahya ibn Maî’n entendit sa bonne déduction, il dit :
« Par Allah, je ne connais pas une personne sur terre plus savante que toi » (L’histoire de l’imam Ahmed et Yahya ibn Maî’n est citée dans [طبقات الحنابلة 1/404])
Cheikh Al fawzan حفظه الله a dit en annotation de cette histoire :
« L’imam Ahmed a vu juste lorsqu’il n’a pas accepté de ces imams le fait qu’ils aient répondu aux menaces du gouverneur, car ils n’avaient pas atteint le stade de la torture. Et le simple fait qu’ils furent menacés, ne fit pas d’eux des personnes contraintes.
Yahya ibn Maî’n, s’est rendu à l’évidence après avoir délibéré avec lui que sa déduction était juste et qu’il y avait bien une différence entre la menace et la torture.
Effectivement, il figure dans le hadith de ‘Ammâr رضي الله عنه au sujet duquel ils ont débattu, que ‘Ammâr a été torturé et non pas seulement menacé.
Ainsi, le seul fait d’être menacé sans être torturé est considéré comme une crainte et non une contrainte. Et le fait de se souscrire à la mécréance par crainte des mécréants n’autorise pas à répondre à leurs menaces.» [شرح رسالة الدلائل: ص 134-136]
Traduit par Abou Yousouf ‘Abd Allah Al ‘Âjî
Sanaa, le 9 février 2015 / 20 Rabi’ Al âkhar 1436
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