Concernant la sincérité (Al-Ikhlâs) et la conformité à la Sunna du Prophète (صَلَّى اللهُ عَلَيهِ وَ سَلَّم), les gens se divisent en quatre catégories
Le grand savant Ibnu-l-Qayyim
بسم الله الرحمن الرحيم
Concernant la sincérité (Al-Ikhlâs) et la conformité à la Sunna du Prophète (صَلَّى اللهُ عَلَيهِ وَ سَلَّم) (Al-Mutâbacah), les gens se divisent en quatre catégories :
Première catégorie :
Ceux qui regroupent la sincérité (Al-Ikhlâs) et la conformité à la Sunna du Prophète (صَلَّى اللهُ عَلَيهِ وَ سَلَّم) (Al-Mutâbacah). Toutes leurs œuvres sont vouées à Allah, leurs paroles, leurs dons, leurs retenues, leur amour et leur animosité. Leur comportement avec les autres est voué extérieurement et intérieurement à Allah Seul. Ils ne veulent pour cela ni récompense, ni compliment de la part des gens, ni avoir leurs honneurs, ni leurs louanges ni gagner leur considération ni obtenir un haut rang dans leur cœur, ni fuir leur blâme. Ils considèrent plutôt ces gens comme les habitants des tombes, ne pouvant leur apporter ni dommage, ni profit, ni mort, ni vie, ni résurrection. Œuvrer pour les gens, rechercher leurs honneurs, leur considération et espérer qu’ils puissent être utiles ou craindre qu’ils puissent être nuisibles, tout cela ne peut aucunement provenir d’un homme qui connaît l’état de ces gens mais plutôt d’un homme qui ignore tout d’eux et de son Seigneur. Car celui qui connaît les gens les met à leur place. Et celui qui connaît Allah Lui voue sincèrement ses œuvres et paroles, ses dons et retenues, son amour et ce qu’il déteste. Aucun homme ne favorise les créatures par rapport à Allah sauf s’il méconnait Allah et la réalité des créatures. Car s’il connaissait réellement Allah et les hommes, il privilégierait le traitement d’Allah au détriment de ces hommes.
De même, toutes ses œuvres et adorations seraient conformes à l’ordre d‘Allah et à ce qu’Il aime et agrée. Telles sont les seules œuvres qu’Allah accepte, Il a éprouvé Ses serviteurs par la mort et la vie pour cela. Allah (تَعَالَى) dit :
الَّذِي خَلَقَ الْمَوْتَ وَالْحَيَاةَ لِيَبْلُوَكُمْ أَيُّكُمْ أَحْسَنُ عَمَلًا
« Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver (et de savoir) qui de vous est le meilleur en œuvre. » Al-Mulk, v.2.
Il a fait de tout ce qui se trouve sur la terre un ornement afin de les éprouver et voir lequel d’entre eux est le meilleur en œuvres.
Al-Fudayl Ibn cIyâd a dit : « L’œuvre pieuse est la plus sincère et la plus juste. » On lui demanda : « Ô Abû cAlî, comment donc la plus sincère et la plus juste ? » Il répondit : « Lorsque l’œuvre est sincère sans être juste, elle n’est pas acceptée. Et lorsque l’œuvre est juste sans être sincère, elle n’est pas acceptée. Elle n’est acceptée que si elle est sincère et juste. Et l’œuvre sincère est celle vouée exclusivement à Allah. Et l’œuvre juste est celle conforme à la Sunna. ». C’est ce qui est indiqué dans la parole d’Allah (تَعَالَى) :
فَمَنْ كَانَ يَرْجُو لِقَاءَ رَبِّهِ فَلْيَعْمَلْ عَمَلًا صَالِحًا وَلَا يُشْرِكْ بِعِبَادَةِ رَبِّهِ أَحَدًا
« Quiconque, donc, espère rencontrer son Seigneur, qu’il fasse de pieuses actions et qu’il n’associe dans son adoration personne à son Seigneur. » Al-Kahf, v.110.
Et dans Sa parole (تَعَالَى):
وَمَنْ أَحْسَنُ دِينًا مِمَّنْ أَسْلَمَ وَجْهَهُ لِلَّهِ وَهُوَ مُحْسِنٌ وَاتَّبَعَ مِلَّةَإِبْرَاهِيمَ حَنِيفًا
« Qui est meilleur en religion que celui qui soumet à Allah son être, tout en se conformant à la Loi révélée et suivant la religion d’Abraham, homme de droiture ? »An-Nisâ’, v.125.
Allah n’accepte donc parmi les œuvres que ce qui Lui a été exclusivement voué et qui est à la fois conforme à Son ordre tandis que tout le reste sera jeté au visage de son auteur sous forme de miettes et de poussière, lorsqu’il en aura le plus besoin. Il est parvenu dans les deux Sahîhs, d’après cÂ’ishah, que le Prophète (صَلَّى اللهُ عَلَيهِ وَ سَلَّم) a dit : « Quiconque introduit dans notre religion quelque chose qui n’en fait pas partie, elle est rejetée. » Et dans une autre version de Muslim : « Celui qui fait une œuvre non conforme à notre religion, elle est rejetée. »
Donc, toute œuvre non conforme à la Sunna ne fait qu’éloigner son auteur d’Allah. Car Allah n’est adoré que conformément à Son ordre et non selon les opinions (des gens) et leurs passions.
Deuxième catégorie :
Ceux qui n’ont ni sincérité ni conformité à la Sunna. Leurs œuvres ne sont donc pas conformes à la législation d’Allah et elles ne lui sont pas vouées. C’est le cas de ceux qui enjolivent leurs œuvres aux yeux des gens et agissent par ostentation avec ce qu’Allah n’a pas légiféré et ce que le Prophète (صَلَّى اللهُ عَلَيهِ وَ سَلَّم)n’a pas transmis. Ceux-là sont les pires des créatures, les plus méprisées par Allah. Elles sont largement concernées par la parole d’Allah (تَعَالَى) :
لَا تَحْسَبَنَّ الَّذِينَ يَفْرَحُونَ بِمَا أَتَوْا وَيُحِبُّونَ أَنْ يُحْمَدُوا بِمَا لَمْ يَفْعَلُوا فَلَا تَحْسَبَنَّهُمْ بِمَفَازَةٍ مِنَ الْعَذَابِ وَلَهُمْ عَذَابٌ أَلِيمٌ
« Ne pense point que ceux-là qui se réjouissent de ce qu’ils ont fait, et qui aiment qu’on les loue pour ce qu’ils n’ont pas fait, ne pense point donc, qu’ils trouvent une échappatoire au châtiment. Pour eux, il y aura un châtiment douloureux ! »Âl cImrân, v.188.
Ils se réjouissent de ce qu’ils adoptent comme innovation, égarement et association (shirk) et aiment être loués pour avoir suivi la Sunna et pour leur sincérité, alors qu’ils ne font pas partie des gens de la Sunna et de la sincérité. Les gens de cette catégorie sont nombreux parmi les pseudos savants, ascètes et dévots qui ont dévié du droit chemin. Ils commettent en effet toutes sortes d’innovations dans la religion, d’égarements, œuvrent pour être vus et entendus, aiment être loués pour ce qu’ils ne possèdent pas, qu’il s’agisse de fidélité à la Sunna, de sincérité ou de science. Ces gens sont égarés et encourent la Colère d’Allah (تَعَالَى).
Troisième catégorie :
Ceux qui sont sincères dans leurs œuvres mais n’agissent pas conformément à l’ordre (du Prophète (صَلَّى اللهُ عَلَيهِ وَ سَلَّم)). Comme les ignorants parmi certains dévots et ascètes, tous ceux qui adorent Allah autrement que par ce qu’Il a légiféré, s’imaginant que leurs adorations leur permettent de se rapprocher d’Allah. C’est le cas de ceux qui croient qu’entendre les sifflements et les battements des mains constituent une forme de rapprochement d’Allah, que la retraite au cours de laquelle ils manquent la prière du vendredi et les prières en commun, que jeûner continuellement le jour et la nuit, jeûner les jours de fête des deux cId le sont aussi, pensant se rapprocher d’Allah avec des innovations dans la religion et des désobéissances.
Leur sincérité dans ce cas ne leur profite en rien car ce sont des œuvres où se trouvent des choses introduites et innovées. Or, tous les actes innovés sont rejetés contre son auteur. Dans le hadith de cÂ’ishah, mère des croyants, le Prophète (صَلَّى اللهُ عَلَيهِ وَ سَلَّم) a dit : « Quiconque introduit dans notre religion quelque chose qui n’en fait pas partie, elle est rejetée. » Rapporté par Al-Bukhârî et Muslim.
Quatrième catégorie :
Ceux dont les œuvres sont conformes à l’ordre du Prophète (صَلَّى اللهُ عَلَيهِ وَ سَلَّم) mais qui ne sont pas vouées exclusivement à Allah. C’est le cas de ceux qui œuvrent par ostentation, ou le cas de celui qui combat par esprit de corps, pour qu’on dise de lui qu’il est courageux, de celui qui effectue le pèlerinage pour qu’on dise de lui (que c’est un Hâj (un pèlerin)), qui apprend le Coran pour qu’on dise de lui (qu’il le connaît)… Les œuvres de ces gens sont en apparence pieuses et prescrites, mais en réalité, elles ne sont pas pieuses car elles ne sont pas vouées à Allah. Elles sont donc rejetées. Allah (تَعَالَى) dit :
وَمَا أُمِرُوا إِلَّا لِيَعْبُدُوا اللَّهَ مُخْلِصِينَ لَهُ الدِّينَ
« Il ne leur a été commandé, cependant, que d’adorer Allah, Lui vouant un culte exclusif. »Al-Bayyinah, v.5.
Il n’a été ordonné à chacun que d’adorer Allah par ce qu’Il a légiféré, et de Lui vouer un culte sincère dans ses adorations. Les gens sincères et conformes à la Sunna sont les gens de :
إِيَّاكَ نَعْبُدُ وَإِيَّاكَ نَسْتَعِينُ
« C’est Toi Seul que nous adorons, et c’est de Toi Seul dont nous implorons secours. »Al-Fâtihah, v.5.
- : Extrait de l’ouvrage « Madârij As-Sâlikin » d’Ibnu-l-Qayyim, qu’Allah lui fasse miséricorde, 1/95-97.
Traduit par : Samir Abû Bilâl Al-Jazâ-irî Dammaj-fr.net