Exégèse de la sourate Al Fatihah / al ‘allâmah al ‘Uthaymîn

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بسم الله الرحمن الرحيم

Je cherche refuge auprès d’Allah contre le diable maudit. Allah, le Très-Haut, a dit :

﴿بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ (1) الْحَمْدُ لِلَّهِ رَبِّ الْعَالَمِينَ (2) الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ (3) مَالِكِ يَوْمِ الدِّينِ ﴾ 

« Au nom d’Allah, le Miséricordieux, le Clément. Louange à Allah, Seigneur des mondes, le Miséricordieux, le Clément … Jusqu’à la fin.

Premièrement : La sourate Al-Fâtihah est ainsi nommée parce qu’elle ouvre le noble Quran ; il a été dit que c’est la première sourate révélée dans son intégralité ; et il a été dit que la première sourate révélée dans son intégralité est: « Lis » puis qu’Allah le Très-Haut a révélé les autres sourates, et Allah sait mieux.

Cette sourate, disent les savants, contient des sens généraux du Quran, dans l’unicité d’Allah, les lois, les récompenses, et les voies empruntées par les fils d’Adam, etc…
C’est pourquoi elle est appelée la Mère du Quran ; et la mère est la référence car ce à quoi retourne la chose est appelé mère ; et cette sourate a des caractéristiques qui la distinguent des autres :

Parmi elles : c’est un pilier dans les prières qui sont le meilleur pilier de l’Islam après les deux témoignages « il n’y a pas de prière pour celui qui ne lit pas la Fâtihah » (hadith)

Parmi elles : qu’elle est une un exorcisme (ruqyah), si elle est récitée sur un malade, il sera guéri, par la permission d’Allah ; car le Prophète صلى الله عليه وسلم, a dit à celui qui l’a récitée sur quelqu’un qui avait été piqué (par un scorpion): « Et qu’est-ce qui t’a fait savoir que c’est un exorcisme? »

Et certains gens ont innové à notre époque dans cette sourate ; ils la récitent à la fin des invocations, ils commencent les sermons par elle et la récitent à certaines occasions.

Et c’est une erreur ; par exemple s’il invoque longuement il dit ensuite à ceux qui sont autour : « la Fâtihah ! » Quoi la Fâtihah ? D’où cela vient-il ?

Certains la récitent au début de leurs sermons et autres, et c’est aussi une erreur ; car les actes d’adoration reposent sur l’arrêt (ne pas agir sans preuve) et le suivi (de la Sunnah).

Allah, le Tout-Puissant, dit :

﴿بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ ﴾ 

{Au nom d’Allah, le Miséricordieux, le Clément}.

Il n’est pas nécessaire de parler de la basmala en termes de signification, ni de
grammaire car nous l’avons répété plusieurs fois. Mais la question est : la basmala est-elle un verset de la Fâtihah ou non ? Dans cela, il y a une divergence entre les savants.
Certains disent que c’est un verset de la Fâtihah et ils le récitent à haute voix dans la prière où l’on récite à voix haute, et ils estiment que la prière n’est valide que si la basmalah est récitée car elle fait partie de la Fâtihah.

Et d’autres disent : qu’elle n’en fait pas partie et cette opinion est la vérité. La preuve en est le texte et le contexte de la sourate ; quant au texte :
Il est rapporté dans un hadith d’Abu Huraïrah, qu’Allah l’agrée, que le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit : « Allah a dit : J’ai divisé la prière entre Moi et Mon serviteur en deux moitiés. Lorsque Mon serviteur dit :

﴿الْحَمْدُ لِلَّهِ رَبِّ الْعَالَمِينَ﴾ 

{Louange à Allah, Seigneur des mondes}, Je dis : Mon serviteur M’a loué. Et lorsqu’il dit :

﴿الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ﴾ 

{Le Miséricordieux, Le Clément} Allah dit : Mon serviteur m’a vanté ; et quand il dit :

﴿مَالِكِ يَوْمِ الدِّينِ ﴾ 

{Possesseur du Jour de la Rétribution} Il a dit : Mon serviteur m’a glorifié ; et quand il dit :

﴿إِيَّاكَ نَعْبُدُ وَإِيَّاكَ نَسْتَعِينُ﴾ 

{C’est Toi Seul que nous adorons et c’est de Toi Seul dont nous implorons l’aide}, Allah dit : Cela est entre Moi et Mon serviteur en deux moitiés ; et quand il dit :

﴿اهْدِنَا الصِّرَاطَ الْمُسْتَقِيمَ﴾ 

{Guide-nous sur le droit chemin} jusqu’à la fin Allah dit : C’est à Mon serviteur et Mon serviteur aura ce qu’il demande. (Muslim)

Et ceci est comme un texte (clair) que la basmalah n’est pas une partie de la Fâtihah.

Quant au contexte, la Fâtihah compte sept versets à l’unanimité des savants, et si tu souhaites répartir les sept versets sur le sujet de la sourate, tu trouves que la moitié s’arrête à Sa parole :

﴿إِيَّاكَ نَعْبُدُ وَإِيَّاكَ نَسْتَعِينُ﴾ 

{ C’est Toi Seul que nous adorons et c’est Toi Seul dont nous implorons l’aide }, et c’est le verset sur lequel Allah a dit : « J’ai divisé la prière entre Moi et Mon serviteur en deux moitiés. »

Car : la première est

﴿الْحَمْدُ لِلَّهِ رَبِّ الْعَالَمِينَ﴾ 

{Louange à Allah, Seigneur des mondes}

la deuxième est

﴿الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ﴾ 

{Le Miséricordieux, Le Clément}

La troisième :

﴿مَالِكِ يَوْمِ الدِّينِ﴾ 

{Possesseur du Jour de la rétribution}

Elles sont toutes le droit d’Allah.

La quatrième :

﴿إِيَّاكَ نَعْبُدُ وَإِيَّاكَ نَسْتَعِينُ ﴾ 

{ C’est Toi Seul que nous adorons et c’est Toi Seul dont nous implorons l’aide } Elle est au milieu et elle comprend deux parties : un droit d’Allah et un droit du serviteur.

Puis :

﴿اهْدِنَا الصِّرَاطَ الْمُسْتَقِيمَ﴾ 

{Guide-nous sur le droit chemin} est pour le serviteur

﴿صِرَاطَ الَّذِينَ أَنْعَمْتَ عَلَيْهِمْ ﴾ 

{le chemin de ceux que Tu as comblés de Tes bienfaits} est pour le serviteur

﴿غَيْرِ الْمَغْضُوبِ عَلَيْهِمْ وَلَا الضَّالِّينَ﴾ 

{Non pas de ceux qui ont encouru Ta colère et des égarés} est pour le serviteur.

Puis du point de vue des termes, si nous disons que la basmalah est un verset de la Fâtihah, il en résulte que le septième verset a la longueur de deux versets.

﴿صِرَاطَ الَّذِينَ أَنْعَمْتَ عَلَيْهِمْ غَيْرِ الْمَغْضُوبِ عَلَيْهِمْ وَلَا الضَّالِّينَ﴾ 

{le chemin de ceux que Tu as comblés de Tes bienfaits non pas de ceux qui ont encouru Ta colère et des égarés}

Combien de lignes avez-vous ? deux lignes.

﴿اهْدِنَا الصِّرَاطَ الْمُسْتَقِيمَ﴾ 

{Guide-nous sur le droit chemin} une ligne.

﴿مَالِكِ يَوْمِ الدِّينِ﴾ 

{Possesseur du Jour de la Rétribution} moins d’une ligne.

﴿الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ﴾ 

{Le Miséricordieux, Le Clément} pareil.

﴿الْحَمْدُ لِلَّهِ رَبِّ الْعَالَمِينَ﴾ 

{Louange à Allah, Seigneur des mondes} idem.

Comment peut-il y avoir un accord alors que certains versets font moins d’une ligne et celui-là en fait deux ; donc la vérité sur laquelle il n’y a aucun doute est que la basmalah n’en fait pas partie ; tout comme la basmalah ne fait pas partie des autres sourates.

Allah le Très-Haut a dit :

﴿الْحَمْدُ لِلَّهِ رَبِّ الْعَالَمِينَ﴾ 

{Louange à Allah, Seigneur des mondes}

La louange est de caractériser le loué par la perfection de son être, ses attributs et ses actions ; il est parfait en tout cela. C’est caractériser le loué par la perfection avec amour et vénération. Il est essentiel de spécifier cela.

Les savants ont dit : car caractériser par la perfection sans amour ni vénération n’est pas appelée حَمْد, mais plutôt مَدْح.

De ce fait ça peut provenir d’un homme qui n’aime pas celui qu’il vante mais qui veut obtenir quelque chose de lui. Certains poètes vont chez les dirigeants, en leur attribuant des qualités exceptionnelles, non pas parce qu’ils les aiment mais parce qu’ils aiment l’argent qu’ils leur donnent ou par peur d’eux. Mais notre louange de notre Seigneur vient avec l’amour et la vénération.

Il est donc essentiel de spécifier que la louange حَمْد  est de caractériser le loué par la perfection avec amour et vénération.

Et Sa parole :

﴿لِلَّهِ﴾ 

{à Allah} ce terme est le nom de notre Seigneur, et il ne peut être attribué à personne d’autre ; c’est un nom suivi par les autres noms (d’Allah). Et c’est pourquoi il vient toujours suivi sauf dans quelques endroits comme Sa parole:

﴿صِرَاطِ الْعَزِيزِ الْحَمِيدِ اللَّهِ الَّذِي لَهُ مَا فِي السَّمَاوَاتِ﴾ 

{le chemin du Tout-Puissant, du Loué : Allah à qui appartient tout ce qui est dans les cieux…} car là le nom (Allah) suit ce qui précède mais c’est rare.

Et sa parole :

﴿رَبِّ الْعَالَمِينَ﴾ 

{Seigneur des mondes} ; « le Seigneur » est celui qui réunit trois attributs : la création, la royauté et la providence ; il est le Créateur, exalté soit-Il.
Il pourvoit à toutes les affaires, et Il est le possesseur de tout.

﴿الْعَالَمِينَ﴾ 

{les mondes} les savants ont dit : tout autre qu’Allah fait partie des mondes.
Ils sont appelés ainsi (عَالَم) car ils sont un signe, une preuve (عَلَم) de leur créateur.

﴿الرَّحْمَنِ﴾ 

{Le Miséricordieux} est un attribut d’Allah et

﴿الرَّحِيمِ﴾ 

{Le Clément} en est un autre.

{Le Miséricordieux} est caractérisé (en Son être) par une immense miséricorde et {Le Clément} atteint les autres par Sa miséricorde.

{Le Miséricordieux} est Son attribut (intrinsèque) et {Le Clément} est Son acte.

Si on cite un seul des deux noms il englobera l’attribut et l’acte mais lorsqu’ils sont cités ensemble {Le Miséricordieux} est Son attribut (intrinsèque) et {Le Clément} est Son acte.

{Le Miséricordieux, Le Clément} le fait que ce soit cité après la Seigneurie prouve que cette dernière est basée sur la miséricorde envers Sa création, miséricorde vaste et atteignant (tout ce qu’Il veut)

﴿مَالِكِ يَوْمِ الدِّينِ ﴾ 

{Possesseur du Jour de la rétribution}

﴿مَالِكِ﴾ 

{Possesseur} est un attribut du Seigneur.

﴿يَوْمِ الدِّينِ﴾ 

C’est le jour du jugement.

﴿الدِّينِ﴾ 

« ad dîn » ici, qu’est-ce que cela signifie ? La rétribution. C’est-à-dire qu’Il est le possesseur de ce jour où les créatures seront rétribuées. Pas d’autre possesseur que Lui ce jour-là.

Si quelqu’un dit : N’est-il pas le possesseur de la rétribution et de l’ici-bas ? La réponse : Oui, mais Sa royauté, Son règne et Son autorité n’apparaitront que ce jour-là. Car Allah le Tout-Puissant appellera : « à qui est la royauté aujourd’hui ? » Alors personne ne répondra, et il dira : « à Allah, l’Unique, Celui qui assujettit ».

Ici-bas, des rois apparaissent. Il y en a même dont les peuples croient qu’il n’y a pas de roi à part eux.  Les communistes, par exemple, ne voient pas qu’il y a un Seigneur dans les cieux et la terre. Ils ne voient que la vie présente : tu vis et tu meurs. Et pensent que leur Seigneur est leur président.

Ainsi il a affilié spécifiquement Sa royauté au jour de la rétribution car elle apparaitra alors.

Et dans certaines des sept lectures :

﴿مَلِكِ يَوْمِ الدِّينِ﴾ 

« Le Roi du jour de la rétribution »

Le terme {مَلِكِ} « roi » est plus spécifique que {مَالِكِ} « possesseur » car « roi » désigne celui qui détient le pouvoir absolu, et il n’est appelé ainsi que celui qui possède des sujets. Quant au « possesseur » il n’a pas de pouvoir absolu et n’a pas besoin d’avoir des sujets. De ce fait tu trouves le pauvre miséreux qui possède une vache, un mouton.

Mais quand on prend les deux lectures il y a une énorme leçon, c’est que son royaume est véritable. Car dans les créatures il y a des rois qui ne possèdent rien. Il possède juste le titre de « roi » mais il ne gère rien. Et parmi les gens il y en a beaucoup qui possèdent mais ne sont pas rois. Mais le Seigneur est un Roi qui possède.

﴿إِيَّاكَ نَعْبُدُ وَإِيَّاكَ نَسْتَعِينُ﴾ 

{ C’est Toi Seul que nous adorons et c’est Toi Seul dont nous implorons l’aide }

Si nous analysons grammaticalement que pouvez-vous dire ? Que le complément d’objet est placé avant. Et pourquoi le détachons-nous (du verbe) alors qu’on pourrait le placer après (NdT : en arabe le CO en pronom est placé lié après le verbe)? Il est possible de dire (نَعْبُدُكَ) « nous T’adorons » Si nous faisons cela, une chose importante disparait : la restriction. Donc ici le complément d’objet est placé avant pour indiquer la restriction et nous devons le détacher. Si tu dis (كَ نَعْبُدُ) ce n’est pas correct et ce n’est pas de l’arabe.

﴿إِيَّاكَ﴾ 

c’est-à-dire : nul autre que Toi.

﴿نَعْبُدُ﴾ 

« nous adorons » : c’est-à-dire que nous nous humilions complètement. C’est pourquoi tu vois les croyants, qu’Allah nous compte parmi eux, placent la partie du corps la plus noble à l’endroit des pieds par humiliation pour Allah. Le croyant se prosterne sur la terre et son front se couvre de terre, il se prosterne à l’endroit des pieds. Tout ceci par humiliation devant Allah. Et si quelqu’un disait : « Je te donne tout l’ici-bas si tu te prosternes devant moi, le croyant ne le fera jamais, car cet avilissement est pour Allah.

Et l’adoration englobe de faire tout ce qu’Allah a ordonné et de délaisser tout ce qu’il a ordonné car celui qui ne le fait pas n’est pas un adorateur. S’il ne fait pas ce qui lui est ordonné est-il réellement adorateur ? Pas du tout. Et s’il ne délaisse pas ce qui est interdit, il n’est pas non plus réellement adorateur. L’adorateur est celui qui est en accord avec l’adoré sur sa volonté légiférée. Donc l’adoration implique que la personne fasse tout ce qui lui est ordonné et délaisse tout ce qui lui est interdit.

Mais est-ce que ton application peut se faire sans aide d’Allah ? Non, ce n’est pas possible. De ce fait Allah dit :

﴿وَإِيَّاكَ نَسْتَعِينُ﴾ 

c’est-à-dire : nous ne demandons secours qu’à Toi pour T’adorer. Allah a cité l’adoration et la demande de secours ou la confiance absolue (en Allah) dans de nombreux passages du noble Quran car il n’y a pas d’adoration réalisée de façon parfaite que par l’aide d’Allah, en ayant une confiance absolue en Lui et en remettant tout à Lui.

﴿اهْدِنَا الصِّرَاطَ الْمُسْتَقِيمَ﴾ 

{Guide-nous dans le sentier droit} Il y a deux lectures :  {صِرَاط} et {سِرَاط} et ce qui est voulu ici est le sentier. Et ce qui est voulu par la guidée est la guidée d’orientation et la guidée de succès et quand tu dis : {Guide-nous dans le sentier droit} tu demandes à Allah la science et les actes, de ce fait le verbe agit sur un complément d’objet et pas le harf (إِلَى) qui indique la finalité. Il englobe donc le fait d’être guidé « vers » le sentier et ceci est la science, et d’être guidé « dans » le sentier et ceci est l’acte et qu’il soit facilité.

﴿الْمُسْتَقِيمَ﴾ 

{droit} : qui n’a pas de tortuosité, et Allah a décrit ce chemin qui n’a pas de tortuosité en disant :

﴿صِرَاطَ الَّذِينَ أَنْعَمْتَ عَلَيْهِمْ غَيْرِ الْمَغْضُوبِ عَلَيْهِمْ وَلَا الضَّالِّينَ﴾ 

{ le chemin de ceux que Tu as comblés de Tes bienfaits non pas de ceux qui ont encouru Ta colère et des égarés}

Dans ce verset, Allah, le Tout-Puissant, classe les hommes en trois catégories :

  • ceux sur lesquels Allah a répandu Ses bienfaits
  • ceux qui ont encouru Sa colère
  • et ceux qui se sont égarés.

Qui sont-ils ?

Ceux sur lesquels Allah a répandu Ses bienfaits sont ceux qui ont appris la vérité et l’ont mise en pratique.

Ceux sur qui Allah est en colère sont ceux qui ont appris la vérité mais ne l’ont pas mise en pratique.

Et les égarés sont ceux qui ont agi sans science, des ignorants qui veulent la vérité et veulent adorer Allah, mais qui sont ignorants et adorent Allah sans savoir.

Regarde comment « ceux qui ont encouru la colère » précèdent « ceux qui se sont égarés » parce que leur divergence à la voie de ceux sur qui Allah a répandu Ses bienfaits est pire ; car ils ont dévié en toute connaissance de cause, et celui qui dévie en toute connaissance de cause est plus arrogant, et sa punition est plus sévère que celle de ceux qui ont dévié sans connaissance de cause.

Et les deux groupes sont égarés car ils ne sont pas guidés par Allah.

Et dans sa parole :

﴿أَنْعَمْتَ عَلَيْهِمْ﴾ 

{Tu as comblé de bienfaits} il y a deux lectures :

{عَلَيْهُم}

Et {عَلَيْهِم}

Les deux lectures font partie des sept lectures. Mais je répète ce que j’ai dit précédemment : que les lectures qui ne sont pas dans le mushaf (NdT : il veut dire les lectures autres que Hafs dans les pays où cette lecture est propagée) ne devraient pas être lues devant tout le monde pour deux raisons, voire trois :

La première raison est que si les gens de la masse entendent cet immense Quran qui a rempli leurs cœurs de vénération, s’ils l’entendent de cette manière puis de cette autre, sa stature sera diminuée dans leur esprit ; car ce sont des gens ordinaires qui ne font pas la différence (entre les lectures). Il est donc nécessaire de lire le Coran avec respect sans y ajouter quoi que ce soit.

Deuxièmement : le récitateur peut être accusé de ne pas savoir réciter. Si quelqu’un venait à lire, par exemple, d’une manière différente de celle du Quran qu’il connait, il se jetterait sur lui, peut-être qu’il le frapperait, ou qu’il le chasserait du masjid ; le Quran est très respecté par les gens ordinaires, et chez nous, grâce à Allah, il l’est aussi. Mais si tu viens avec ce que le muslim moyen ne connaît pas, malheur à toi, et c’est une mauvaise chose que les gens te méprisent et disent : « Il n’y a rien de bon en lui, il ne sait rien et ne sait pas réciter. »

Si tu lis devant une personne lambda :

﴿صِرَاطَ الَّذِينَ أَنْعَمْتَ عَلَيْهُمْ﴾ 

il dira : « Il ne sait pas comment réciter, il prononce une dammah au lieu d’une kasrah ? »

Troisième mauvaise conséquence : si tu lis devant les gens du commun et que l’un d’eux a une bonne opinion de toi, et dit : « il récite forcément ce qu’il a appris »
Puis qu’il essaye de t’imiter une autre fois il fera une erreur ; il lira le Quran ni selon la lecture du mushaf (NdT : le shaykh veut dire Hafs) ni selon la lecture qu’il aura entendue, et c’est une mauvaise chose.

Et c’est pour cela qu’Ali – qu’Allah soit satisfait de lui – a dit : « Parlez aux gens de ce qu’ils connaissent, voulez-vous qu’Allah et Son messager soient démentis ? »
Et Ibn Mas’ûd a dit : « Tu ne dis pas à un peuple quelque chose que leur raison ne comprend pas, sans que ce soit une épreuve pour certains d’eux… »

‘Umar ibn al-Khattâb avec Hicham ibn Hakam. Qu’a-t-il fait de lui lorsqu’il a récité la sourate Al-Furqan une récitation que ‘Umar n’avait pas entendue ? Il le tira, le disputa et nia sa lecture jusqu’à ce qu’il atteigne le Prophète صلى الله عليه وسلم et dit : « Lis. » Il lut, et le Prophète dit : « C’est ainsi qu’elle a été révélée. »
Il dit à ‘Umar : « Lis. » Il lut. Il dit : « C’est ainsi qu’elle a été révélée. »

Car le Qur-ân est descendu selon sept lettres (ndT : façons de parler des différentes tribus arabes). Si ‘Umar – qu’Allah l’agrée – a fait ce qu’il a fait avec un compagnon, que penses-tu que pourrait faire une personne lambda qui t’entend réciter d’une autre manière ? Fais attention à lui !

Et Allah soit loué, les savants s’accordent à dire qu’il n’est pas obligatoire à l’homme de lire avec toutes les lectures et que s’il se limite à une seule lecture, ce n’est pas grave.

Le problème est résolu.
Et la sourate contient de grandes leçons, et Ibn Qayyim les as développées, qu’Allah lui fasse miséricorde, dans Madârij as Sâlikîn, que vous ne trouverez pas ailleurs. Louange à Allah, le Seigneur des mondes.

Parmi les leçons du noble verset :

﴿الْحَمْدُ لِلَّهِ رَبِّ الْعَالَمِينَ﴾ 

« Louange à Allah, Seigneur de l’univers » : affirmer la louange parfaite à Allah, Exalté soit-Il, et affirmer qu’Il la mérite et en est le seul digne ; quant à la perfection, on la déduit de l’article « la ». Quant à la spécificité et au mérite, on les déduit de « à ».

Parmi les leçons du noble verset :

la description d’Allah, qu’Il soit exalté, par l’attribut de la divinité avant celui de la seigneurie ; Il n’a pas dit « au Seigneur des mondes » mais Il a dit :

﴿لِلَّهِ رَبِّ الْعَالَمِينَ﴾ 
« à Allah le Seigneur des mondes »

Et ceci soit car Allah est le nom propre qui lui est exclusivement réservé et qui est suivi de tous les autres noms, soit car ceux à qui les messagers furent envoyés ne niaient que le fait d’adorer Allah seul.

Parmi les leçons du noble verset :

la seigneurie universelle d’Allah le Très-Haut sur l’ensemble des mondes, par Sa parole : ﴿الْعَالَمِينَ﴾ 

« les mondes ». Nous avons déjà mentionné dans l’exégèse que ce qui est visé par « les mondes » est tout ce qui existe en dehors d’Allah, le Très-Haut, toutes les créatures qu’elles soient vivantes ou non, douées de raison ou pas.

﴿الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ ﴾ 

Parmi les leçons du noble verset :
l’affirmation de ces deux noms honorables : le Miséricordieux et le Clément ; et l’affirmation de ce qu’ils impliquent comme miséricorde qui est l’attribut et la miséricorde qui est l’acte.

Parmi les leçons du noble verset :

que la seigneurie d’Allah, Exalté soit-Il, est basée sur la miséricorde, car lorsqu’Il dit :

﴿رَبِّ الْعَالَمِينَ﴾ 

« Seigneur des mondes », c’est comme si quelqu’un demandait de quel type est cette seigneurie ? Est-ce une seigneurie de prise et de vengeance ; ou une seigneurie de miséricorde et de bienfait ? Il répond : le Miséricordieux, le Clément.

Parmi les leçons du noble verset :
﴿مَالِكِ يَوْمِ الدِّينِ﴾ 
« Possesseur du Jour de la Rétribution » ou ﴿مَلِكِ﴾   « Roi », il y a l’affirmation de la royauté d’Allah عزوجل et de Son royaume pour le Jour de la Rétribution ; et c’est spécifié ce jour pour la raison que nous avons mentionnée dans l’exégèse, à savoir qu’en ce jour, toutes les propriétés et tous les rois disparaîtront.

Parmi les leçons : l’affirmation de la résurrection, comme Allah dit :

﴿مَالِكِ يَوْمِ الدِّينِ﴾ 

« Possesseur du Jour de la Rétribution »

﴿إِيَّاكَ نَعْبُدُ وَإِيَّاكَ نَسْتَعِينُ﴾ 
« C’est Toi seul que nous adorons, et de Toi seul nous implorons l’aide »

Parmi ses leçons : la sincérité dans l’adoration d’Allah, dans Sa parole :

﴿إِيَّاكَ نَعْبُدُ﴾ 

« C’est Toi seul que nous adorons »

et la sincérité est déduite du complément d’objet situé avant le verbe.

Et parmi ses leçons : la sincérité dans la demande de secours à Allah, Exalté soit-Il, dans Sa parole :

﴿وَإِيَّاكَ نَسْتَعِينُ ﴾ 

« Et c’est Toi seul dont nous implorons le secours », où Il a cité en premier le complément d’objet.

Si quelqu’un dit : comment peut-on dire  » la demande d’aide à Allah » alors qu’il est cité dans sa parole, exalté soit-Il :

﴿وَتَعَاوَنُوا عَلَى الْبِرِّ وَالتَّقْوَى﴾ 

« Et entraidez-vous dans la piété et la crainte d’Allah. »
(il est cité) l’aide d’autrui en dehors d’Allah?
Nous disons : la demande de secours (ou d’aide) est de deux types : la demande de secours par délégation, c’est-à-dire que tu t’appuies sur Allah عز وجل et tu ne te bases pas sur ta force et ta puissance ; et cela est spécifique à Allah, le Très-Haut ; et (la deuxième) est dans le sens de s’unir dans ce que tu veux faire, ceci n’est pas de l’adoration ; c’est pourquoi Allah a dit :

﴿وَتَعَاوَنُوا عَلَى الْبِرِّ وَالتَّقْوَى﴾ 

« Et entraidez-vous dans la piété et la crainte d’Allah. »

Si quelqu’un dit : est-il permis de demander de l’aide à une créature en toutes circonstances ? Nous répondons : Non. L’aide à la créature n’est permise que dans le cas où celui à qui l’aide est demandée est capable de le faire ; mais s’il n’est pas capable, il n’est pas permis de lui demander de l’aide ; par exemple, si quelqu’un demandait l’aide d’une personne enterrée ce serait illicite, c’est même du chirk (polythéisme); car l’enterré ne peut s’aider lui-même, alors comment peut-il t’être utile ? Et s’il demande l’aide d’un absent dans ce qu’il ne peut pas faire, comme croire que le « wali » qui est à l’est du monde l’aidera dans ses affaires dans son pays, cela est aussi du chirk, du grand chirk car il ne peut pas t’aider alors qu’il est là-bas.

Si quelqu’un dit : Est-il permis de demander de l’aide à une créature ? Nous disons : le mieux est de ne pas le faire, le mieux est de ne pas le faire, car il est ordonné à l’homme d’aider son frère, mais il ne convient pas que tu demandes de l’aide ; car demande de l’aide est une forme de mendicité blâmable ; mais toi lorsque tu vois que ton frère a besoin d’aide, tu as l’ordre de l’aider.

Mais si tu demandes de l’aide, ce n’est pas haram, ce n’est pas haram pour toi ; tu auras juste délaissé ce qui est mieux.

Sauf si tu sais que ton recours à lui le réjouit et l’enchante ; dans ce cas, si tu le sollicites, tu agis bien envers lui et cela ne sera pas considéré comme une demande blâmable.
Comme l’a fait le Prophète صلى الله عليه وسلم lorsqu’il est entré chez lui et vit une marmite sur le feu avec de la viande dedans.
Quand on lui apporta le repas, il dit : « N’ai-je pas vu une marmite sur le feu ? » Ils dirent : Oui, ô Messager d’Allah, mais ceci est de la viande donnée par aumône pour Barîrah.
il dit : « Elle est pour elle une aumône et pour nous un cadeau de sa part. »

Est-ce que cette situation était difficile pour Barîrah ?
Jamais ; au contraire, elle en était ravie et heureuse.

Par exemple si tu demandes à ton frère de t’aider dans un besoin, et tu sais qu’il en sera ravi et heureux, alors ce sera une bienfaisance envers lui ;

Mais si tu demandes l’aide d’une personne qui considère que ta demande lui est plus lourde que le mont Ûhud, lui demandes-tu ? Non. Car il y a de l’embarras pour lui et de l’humiliation pour toi.

Et parmi les leçons de Sa parole :

﴿اهْدِنَا الصِّرَاطَ الْمُسْتَقِيمَ﴾ 

« Guide-nous vers le droit chemin »

il y a le retour de l’homme vers Allah, après avoir demandé Son aide pour l’adorer,
qu’Il le guide vers le droit chemin ; car l’adoration nécessite la sincérité, comme l’indique :

﴿إِيَّاكَ نَعْبُدُ﴾ 

« C’est Toi seul que nous adorons »

et nécessite la demande de secours d’avoir la force de l’adorer selon sa parole :

﴿وَإِيَّاكَ نَسْتَعِينُ﴾ 

« Et c’est Toi seul dont nous implorons le secours »

Et nécessite de suivre la législation selon sa parole :

﴿اهْدِنَا الصِّرَاطَ الْمُسْتَقِيمَ﴾ 

« Guide-nous vers le droit chemin »

Ainsi, ces trois versets englobent toute la religion : l’adoration, la demande de secours et le suivi, car le droit chemin est la législation avec laquelle sont venus les messagers.
Et pour nous, c’est la loi qui est venue avec qui ? Notre prophète Muhammad صلى الله عليه وسلم
Cela signifie que nous devons suivre le Messager صلى الله عليه وسلم
Et parmi les leçons du noble verset:

l’éloquence du Qur-ân, car le harf jarr a été supprimée de ﴿اهْدِنَا﴾  c’est-à-dire qu’Il n’a pas dit : اِهْدِنَا إِلَى

mais Il a dit : ﴿اهْدِنَا الصِّرَاطَ﴾ 

Et l’intérêt de cela est que ça implique la demande de guidée, qui est une indication de la connaissance et de la guidée de réussite.
Car la guidée est de deux sortes : 1- la guidance de la connaissance et de l’orientation

2- la guidance de la réussite et de l’action.

La première ne contient que la simple indication, et Allah, qu’Il soit glorifié, a guidé tout le monde. (NdT : Il leur a indiqué la vérité)

La deuxième contient le fait d’être guidé et de suivre la loi islamique, et certains n’y ont pas accès (NdT : les mécréants) comme Allah a dit :

﴿وَأَمَّا ثَمُودُ فَهَدَيْنَاهُمْ فَاسْتَحَبُّوا الْعَمَى عَلَى الْهُدَى ﴾ 
« Et quant aux Thamoud, nous les guidâmes, mais ils préférèrent l’aveuglement à la guidance. »

« Nous les guidâmes » signifie que nous leur montrâmes la vérité et la leur éclaircîmes mais ils ne furent pas amenés à l’accepter ; c’est pourquoi إِلَى  n’a pas été utilisé afin que la demande de guidance dans ce verset englobe la guidance de la connaissance et de l’orientation, et la guidance de la réussite et du suivi.

Et parmi les leçons : que le chemin est de deux sortes : droit et courbé ; ce qui est conforme à la vérité est droit, comme Allah le Très-Haut dit :

﴿وَأَنَّ هَذَا صِرَاطِي مُسْتَقِيمًا فَاتَّبِعُوهُ﴾ 

« Et ceci est Mon chemin droit, suivez-le. » Et ce qui lui est contraire à lui est courbé.

Puis Allah dit :

﴿صِرَاطَ الَّذِينَ أَنْعَمْتَ عَلَيْهِمْ﴾ 

« Le chemin de ceux que Tu as comblés de bienfaits » jusqu’à la fin.

Parmi les bienfaits de ce noble verset : la mention des détails après la généralité :

﴿اهْدِنَا الصِّرَاطَ الْمُسْتَقِيمَ  صِرَاطَ الَّذِينَ أَنْعَمْتَ عَلَيْهِمْ﴾ 

(Guide-nous vers le droit chemin, le chemin de ceux que Tu as comblés de bienfaits)

Car citer le détail après la généralité contient un intérêt : lorsque la personne entend la parole de manière générale, elle attend et désire le détail et l’éclaircissement. Donc Allah a dit :

 

﴿صِرَاطَ الَّذِينَ أَنْعَمْتَ عَلَيْهِمْ﴾ 

« Le chemin de ceux que Tu as comblés de bienfaits »
Et cela contient également un deuxième avantage, à savoir : l’explication que ceux qu’Allah a comblés de bienfaits sont sur le droit chemin.

Et parmi les leçons : la division des gens en trois catégories :

1-une catégorie à qui Allah accorde Ses faveurs

2-une autre contre qui Allah est en colère

3- et une partie égarée ;

Ceux qu’Allah comble de Ses bienfaits sont ceux qui connaissent la vérité et la suivent ; quant à ceux qui encourent Sa colère, ce sont ceux qui connaissent la vérité mais la contredisent ; quant aux égarés, ce sont ceux qui ignorent la vérité.

Les causes de l’égarement et de la sortie du droit chemin sont soit l’ignorance, soit l’opposition. Qui sont ceux donc la cause de la sortie (du droit chemin) fut l’opposition ? ceux contre qui Allah est en colère, les juifs en tête ;

Et les autres dont la sortie fut l’ignorance sont : tous ceux qui ne connaissent pas la vérité, les chrétiens à leur tête ; Telle était leur situation avant l’envoi prophétique (les chrétiens), mais après, ils ont connu la vérité et sont devenus comme les juifs, Allah est en colère contre tous. Les chrétiens plus encore car ils croient en l’abrogation. De ce fait ils croient que la législation de de ‘Îsâ abrogea celle de Mûsâ. Alors que les juifs ne croient pas en cela et sont sur une voie fausse.

Les chrétiens se contredisent en croyant à l’abrogation avec ‘Îsâ sur la loi de Mûsâ et en ne croyant pas à l’abrogation de la législation de ‘Îsâ par celle de Muhammad صلى الله عليه وسلم . Ils se contredisent donc et leur voie est pire que celle des juifs.

Quoi qu’il en soit, cette sourate est immense et il ne m’est pas possible à moi ou un autre de cerner tous ses sens mais ceci est une goutte d’eau dans la mer

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