Quelles sont les excuses permettant de délaisser la salat en commun (jamâ’ah) ?

بسم الله الرحمن الرحيم

 Quelles sont les excuses permettant de délaisser la salat en commun (jamâ’ah) ?

1-
      La maladie. Ibn Al Mundhir a dit : « Je ne connais pas de divergence entre les gens de science sur le fait que le malade peut délaisser la salat en commun du fait de sa maladie. » Et la preuve de cela est ce qui est rapporté par Al Bukhari et Muslim d’après ‘Aichah que le prophète (صلى الله عليه وسلم) dit lors de la maladie au cours de laquelle il mourut : « Dites à Abû Bakr de diriger les gens en salat. »
Ibn Rajab a dit : « Le fait que le malade sorte au masjid même si cela lui est pénible est meilleur comme le prophète (صلى الله عليه وسلم) qui est sorti épaulée entre deux hommes et Ibn Mass’ûd a dit : la personne sortait (à l’époque du prophète (صلى الله عليه وسلم)) épaulé entre deux hommes jusqu’à être placé dans le rang. »
2-      La pluie et la boue. La preuve est le hadith d’Ibn ‘Umar dans les deux Sahihs  qu’il a dit : le messager d’Allah (صلى الله عليه وسلم), lorsque c’était une nuit froide ou de pluie ordonnait au muezzin de dire : « Priez dans les demeures ! » et dans une version : « nuit froide ou de pluie en voyage ». Et dans les deux Sahihs d’après Ibn ‘Abbâs qu’il ordonna à son muezzin le jour du vendredi de dire : « Priez dans vos maisons ! » Puis il dit : « Le messager d’Allah (صلى الله عليه وسلم) a certes fait cela. La (salat) du vendredi est obligatoire mais j’ai répugné à vous causer de la difficulté en vous faisant marcher dans la boue et les endroits glissants. »
3-      Lorsque le repas est prêt. D’après Anas, le messager d’Allah (صلى الله عليه وسلم) a dit : « Lorsque le diner est présenté, commencez par lui avant de prier le maghrib. » Muttafaqun ‘alayh. D’après Aichahd qui a dit : j’ai entendu le messager d’Allah (صلى الله عليه وسلم) dire : « Pas de salat en présence du repas ni s’il retient les deux exécrables (l’urine et les excréments). » Rapporté par Muslim. Ibn Rajab a dit : « En conclusion, lorsque le repas est servi, c’est une excuse dans le délaissement de la salat en commun (jama’âh) et il peut manger même s’il craint de ne pas rattraper à temps la jamâ’ah mais il est essentiel qu’il ait envie de manger, même un peu. Nos compagnons ont cité cela clairement ainsi que d’autres. Et s’il n’a pas du tout envie, il n’y a aucun sens à faire précéder le repas sur la jamâ’ah. Un autre groupe a dit : il commence par la salat avant de manger sauf s’il a très faim et c’est le madhhab d’Ach Châfi’î et la parole de Habib Al Mâlikî. Ibn Hibbân a pris comme preuve le hadith qui restreint au jeûneur et y a rattaché toute personne ayant très faim, car cela empêche d’être en complet recueillement (khuchu’) au contraire de celui qui a légèrement faim. Un autre groupe a dit : il commence par la salat sauf si le repas est léger. Ibn Al Mundhir l’a rapporté de Malik. Et cela suppose qu’il a voulu signifier que le repas léger permet d’atteindre la jama’âh au contraire du repas fourni. Ceci est donc spécifique au diner et en considérant que le maghrib n’a qu’un temps comme c’est l’avis de Malik et d’Ach Chafi’i dans un de ses deux avis. Et Harb a rapporté d’Ishâq qu’il doit commencer par la salat sauf en deux cas : que le repas soit léger et qu’il mange avec un groupe et que le fait qu’il parte à la salat leur soit difficile. Et ceux-là ont dit : le prophète (صلى الله عليه وسلم) a ordonné de manger le diner avant la salat car leur diner était léger. Ainsi était l’habitude des compagnons qu’Allah les agrée à l’époque du prophète (صلى الله عليه وسلم). Son ordre ne concerne donc que ce qui était de coutume à son époque. » Puis il ajouta : « Et de toutes façons, il n’a permis de délaisser que la jama’ah lorsque le repas est servi. Quant au temps (de la salat), il n’a pas permis de le laisser passer pour la majorité des savants. Ahmad et d’autres l’ont dit clairement. Et un groupe s’est singularisé en permettant de laisser passer le temps de la salat en présence du repas et c’est la parole de certains Zahiriyyahs et un avis faible chez les Chafi’iyyahs. »
4-      Lorsqu’il a besoin d’aller aux toilettes, d’après le hadith de Aichah qui a précédé et le hadith d’Abd Allah Ibn Al Arqam chez At Tirmidhi que le prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : « Lorsque l’iqâmah a été fait et que l’un de vous veut aller aux toilettes, qu’il y aille. »
 
5-      La très grande peur, comme de craindre un ennemi qui veut le tuer ou l’agresser ou qu’il craint que le dirigeant l’emprisonne injustement.

6-      Le voyage, comme si l’iqâmah est faite alors qu’il veut voyager, et qu’il craint de ne pas attraper à temps le car. Il a le droit de délaisser la jama’ah à cause du tort qui résulte du fait de manquer le car.

7-      S’il s’occupe d’un malade qu’il craint de perdre car la préservation de l’être humain est plus importante que le caractère sacré de la jama’ah. Al Bukhari rapporte d’après Ibn ‘Umar que Sa’îd Ibn Zaid Ibn ‘Amr Ibn Nufayl –qui avait participé à Badr- tomba malade le vendredi. Il prit sa monture et alla chez lui alors que la journée était entamée et que le jumu’ah était proche et il délaissa la salat du jumu’ah.

8-      La forte somnolence, d’après le hadith de Aichah chez Al Bukhari et Muslim que le prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : « Lorsque l’un de vous somnole dans la salat, qu’il dorme, car il se peut que l’un de vous lorsqu’il somnole ne sache pas s’il demande pardon ou s’insulte lui-même. »

9-      Lorsqu’il a mangé de l’oignon, de l’ail ou du poireau et la preuve est le hadith de Jâbir dans les deus Sahihs que le prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : « Quiconque mange de l’ail, de l’oignon ou du poireau, qu’il s’écarte de notre masjid. » Et il est également rapporté un sens proche d’après Anas et Ibn ‘Umar. Et il n’est pas permis d’en manger sans besoin dans le but de délaisser la jamâ’ah.
(Note d’Ayyub: ce sont ces légumes crus qui empêchent d’aller au masjid. Quant à les consommer cuits, ce n’est pas concerné dans l’interdiction car leur mauvaise ordeur part avec la cuisson comme a dit “Umar: “Tuez (leur odeur) en les cuisant” Rapporté par Muslim.)

Remarque : la jamâ’ah ou le jumu’ah (vendredi) ne doivent pas être délaissés par tous les gens en présence des excuses générales comme la pluie, la boue ou le froid intense mais il est obligatoire à l’imam de diriger les gens présents. Al Bukhari a dit dans son Sahih : [chapitre : est-ce que l’imam dirige ceux qui sont présents ? Et fait-il la khutbah le vendredi lorsqu’il pleut ?] puis il cita le hadith d’Ibn ‘Abbas lorsqu’il s’assit sur le minbar le vendredi et ordonna au muezzin de dire : « La salat dans les demeures. »
Ibn Rajab a dit : « Al Bukhari veut signifier par ce chapitre que la pluie et la boue, même si ce sont des excuses  pour ne pas assister à la jama’ah au masjid, ce sont des excuses pour des individus. Quant à l’imam, il ne délaisse pas pour cela la salat dans le masjid et il dirige ceux qui sont présents ainsi que pour la khutbah et la salat al jumu’ah pour ceux qui sont présents lorsqu’ils sont du nombre requis pour le jumu’ah[1]. Le délaissement de la jama’ah ou du jumu’ah n’est permis qu’à des individus pour cause de pluie ou autre lorsque leurs rites sont accomplis dans les masjids. Ainsi, il n’est pas éloigné de dire que l’accomplissement des jamâ’ahs et des jumu’ahs dans les mosquées lorsqu’il y a des excuses comme la pluie est une obligation communautaire et pas individuelle, et que l’imam ne les délaisse pas. Et c’est proche de ce que l’imam Ahmad a dit au sujet du jumu’ah lorsque c’est le jour du ‘id : que le fait de participer au jumu’ah n’est plus obligatoire à celui qui a participé à la salat du ‘id, sauf pour l’imam et ceux qui permettent d’établir un jumu’ah. Le jumu’ah devient donc obligation communautaire et Allah est plus savant. Et il n’y a pas de doute que le prophète (صلى الله عليه وسلم) ne délaissait pas le jumu’ah pour cause de pluie et ce qui le prouve est qu’il a demandé la pluie pour les gens sur le minbar le jumu’ah et il plut jusqu’au jumu’ah suivant. Il accomplit ce jumu’ah malgré la pluie et on se plaint de cette énorme pluie durant sa khutbah et il invoqua Allah d’arrêter la pluie sur Al Madinah. »

Autre remarque : Les excuses précitées sont également des excuses dans le délaissement du jumu’ah sauf la troisième et par Allah est le succès.

Source : Commentaire d’Al Bulugh de shaykh Ibn Hizâm (2/75).

Trad : Ayyub, Dammaj-fr.net



[1] NdT : l’avis juste en cela est qu’elle compte, tout comme la salat jamâ’ah avec deux personnes ou plus.

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