Qu’est-ce qui définit le “voyage” qui permet au voyageur de raccourcir la salat?

بسم الله الرحمن الرحيم

Al Hafiz Ibn Hajar a dit dans Boulough Al Maram:

424- D’après Ibn ‘Abbâs –qu’Allah les agrée-, le messager d’Allah (صلى الله عليه وسلم) a dit: “Ne raccourcissez pas la salat en moins de quatre barîds, de Makkah à ‘Ousfân.” Rapporté par Ad Dâraqoutnî avec une chaîne faible et ce qui est juste est qu’il est mawqoûf (la parole du compagnon) comme l’a rapporté Ibn Khouzaymah.

Shaykh Ibn Hizâm (حفظه الله) a dit: La version du hadith attribuée au prophète (صلى الله عليه وسلم) est très faible et le mawqoûf (de la parole d’Ibn ‘Abbas) est authentique (NdT: c’est à dire que c’est la parole d’Ibn ‘Abbas lui-même et non du prophète (صلى الله عليه وسلم).

Termes du hadith

Qu’est-ce qu’un barid:

Un barid équivaut à quatre farsakhs. Le farsakh équivaut à trois miles. Shaykh Al Albani a dit dans As Sahihah (163): “le mile équivaut à la portée de la vue, c’est ce qu’a affirmé Al Jawhari. Et il a été dit que c’est de regarder une personne à l’horizon d’une terre plate et de ne pas pouvoir dire qu’il s’agit d’un homme ou d’une femme et s’il vient ou s’éloigne comme dans Al Fath (2/467). Et selon la parole de certains savants contemporains, il équivaut à 1680 mètres.” NdT: la distance de 4 barids est donc de 16 farsakhs, soit 48 miles, soit 80,64 km et Allah est plus savant.

‘Ousfân: Shaykh Al Bassâm dit dans son commentaire de Boulough Al Maram: “C’est une ville située à quatre-vingt kilomètres au Nord de Makkah.”

Qu’est-ce qui définit le “voyage” qui permet au voyageur de raccourcir la salat?

Les savants ont divergé sur ce sujet :

Le premier avis: que c’est parcourir une distance de quarante huit miles (80,64 km) et c’est la parole d’Al Hassan, Az Zuhrî, Mâlik, Al Layth, Ach Châfi’î, Ahmad, Ishâq et Aboû Thawr.

Note d’Ayyub : les savants considèrent que vingt quatre miles (environ 40 km) sont une « marhalah », ce qui équivaut à un trajet d’une journée à pieds et à monture. Quarante huit miles équivalent donc à un trajet de deux jours.

Ils se sont appuyés sur le hadith d’Ibn ‘Abbâs –qu’Allah les agrée- suscité mais il est très faible. Cependant, c’est rapporté authentiquement de la parole d’Ibn ‘Abbâs lui-même ainsi que d’Ibn ‘Umar qu’Allah les agrée.

Le deuxième avis: que c’est une distance de trois jours et trois nuits et c’est la parole d’Ach Cha’bî, An Nakha’î, Ath Thawrî et Aboû Hanifah.

Ils ont pris comme argument le hadith d’Ibn ‘Umar qu’Allah les agrée dans les deux Sahihs: “La femme ne doit voyager (pour un voyage de) trois (jours) qu’en compagnie d’un mahram.

Le troisième avis: que c’est la distance d’un jour complet et c’est l’avis d’Al Awzâ’î, Abû Yûssuf, Muhammad Ibn Al Hasan, Ibn Al Mundhir et cela est rapporté de façon sûre d’Ibn ‘Umar et d’Ibn ‘Abbas qu’Allah les agrée et Az Zuhrî a également dit cela.

Ils se sont appuyés sur le hadith d’Abû Hurayrah qu’Allah l’agrée dans les deux Sahihs: “La femme ne doit voyager sur une distance d’une journée qu’avec un mahram.

Le quatrième avis: qu’on a le droit de raccourcir la salat pour tout type de voyage, court ou long. Tout ce qui s’appelle “voyage”, on peut y raccourcir la salat et c’est l’avis de Dâwûd Az Zâhiri et d’un groupe de Hanabilah.

Ibn Qudâmah l’a choisir dans Al Mughnî en disant: “Et je ne vois pas sur quel argument se sont appuyés les imams, car les paroles des compagnons se contredisent et divergent, et elles ne sont pas un argument en présence d’une divergence. Et ce qui est rapporté d’Ibn ‘Abbas et d’Ibn ‘Umar s’oppose à ce que nos compagnons (les hanabilah) ont pris comme preuve. Et même si (les paroles d’ibn ‘Abbas et Ibn ‘Umar) n’existaient pas, (nos compagnons) n’auraient toujours pas de preuve en présence de la parole du prophète (صلى الله عليه وسلم) et de son acte. Et si leurs paroles ne sont pas établies, cela empêche de prendre leur avis pour deux raisons:

La première: cela s’oppose à la sunnah du prophète (صلى الله عليه وسلم) qui nous a été rapportée et au sens apparent du Quran: la permission de raccourcir pour quiconque parcourt la terre, de par Sa parole (تعالى):

وَإِذَا ضَرَبْتُمْ فِي الْأَرْضِ فَلَيْسَ عَلَيْكُمْ جُنَاحٌ أَنْ تَقْصُرُوا مِنَ الصَّلَاةِ
Et lorsque vous parcourez la terre, il n’y a pas de problème à ce que vous raccourcissiez la salat (les femmes: 101)

Et la parole du prophète (صلى الله عليه وسلم): “Le voyageur peut essuyer (sur les khuffs) trois jours.” n’est venue que pour éclaircir la durée maximale de l’essuyage, elle n’est donc pas appropriée pour être un argument sur notre sujet. Il n’est pas possible non plus de définir la distance minimale du voyage à trois jours alors que le prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit: “Il n’est pas permis à la femme qui croit en Allah et au jour dernier de voyager sur la distance d’une journée sans mahram.

La deuxième (raison): qu’il n’est pas permis de donner une délimitation par un simple avis sans base sur laquelle on s’appuie ni sur une chose semblable avec laquelle on a fait l’analogie (qiyas) car cela revient aux textes. Et c’est celui qui a permis de raccourcir pour tout voyageur qui a raison sauf si le consensus est établi sur une autre chose.” Fin de la parole d’Ibn Qudâmah.

Et shaykh al Islam Ibn Taymiyyah a choisi cette avis et a dit comme dans Majmû’ al fatawa (24/15): “Et c’est l’avis de beaucoup de salafs et de khalafs, et c’est ce qu’il y a de plus authentique du point de vue des preuves. Mais il est essentiel de prendre en compte que ceci est ce qui est considéré “voyage” dans les coutumes, comme le fait qu’il fasse ses provisions et se mette en marche.”

Et il a dit: (24/40): “Tout ce qui n’a pas de limite dans la langue ou dans la législation, cela revient aux coutumes. Ainsi ce qui est un “voyage” dans les coutumes des gens, alors c’est le voyage auquel la législation a accolé des jugements. Comme le “voyage” des gens de Makkah vers ‘Arafah, car cette distance est un barid (NdT : soit 12 miles soit 20,16 km) et ça a été considéré comme étant un voyage pour lequel la sunnah a établi la permission de raccourcir et de rassembler (les salats). Et le barid est la moitié d’un jour parcouru à chameau et à pieds, et c’est le quart de la distance de deux jours et deux nuits et c’est ce qu’on appelle “la distance pour raccourcir” et c’est ce qu’il est possible à celui qui les parcourt de revenir le jour même.”

Et il a dit: (24:47-48): “Si la distance était délimitée, le mieux serait de dire: un barid. Mais le plus juste est que le voyage n’est pas délimitée par une distance mais plutôt cela dépend: il peut être voyageur sur une distance d’un barid et ne pas l’être sur une distance plus longue.”

Ibn Hizam –qu’Allah l’assiste- dit: Le quatrième avis est le plus juste et c’est celui qu’ont choisi Ibn Al Qayyim et Al Uthaymin.

Si ce n’est que nous affirmons que le fait de parcourir la terre sur une distance d’une nuit est considéré “voyage”, et la distance parcourue en une demi-journée est aussi considérée “voyage” car celui qui parcourt cette durée et revient a fait un jour complet[1]. J’ai entendu notre shaykh Muqbil Al Wâdi’î (qu’Allah lui fasse miséricorde) faire cette fatwa et par Allah est le succès.

(فتح العلام) d’Ibn Hizam (2/103)

Trad.: Ayyub, Dammaj-fr.net

 


[1] NDT : et le prophète (صلى الله عليه وسلم) a interdit à la femme de voyager une journée sans mahram, preuve que cela est considéré comme étant un voyage.

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